Efforts dans la dacwah Il fut le premier à appeler à la fondation de l'Association
Internationale du Secours Islamique, pour aider des musulmans confrontés à la pauvreté et à
la maladie dans les quatre coins du monde.
Depuis sa jeunesse, il s'impliqua activement dans l'appel à
Dieu et notamment dans le mouvement islamique malgré les obstacles et les peines qu'il dut
affronter avant et après la révolution égyptienne. Sa générosité dans l'appel à Dieu
s'est appuyée sur ses multiples talents. C'est un prédicateur qui sait convaincre par des
arguments probants et des réflexions mures. Il s'adresse à la raison et en même temps, il
fait vibrer les cœurs. Sa plume et son style personnel font de chacun de ses ouvrages une
contribution intéressante aux écrits islamiques. Il s'est illustré parmi les spécialistes
de jurisprudence de notre ère par ses positions équilibrées. C'est ainsi que ses fatâwâ
[pluriel de fatwah] se sont répandues dans tout le monde musulman. Ajoutons à ces qualités,
son talent de poète islamique. Un certain nombre de ses poèmes figurent de le recueil intitulé :
Nafahât wa Lafahât.
Oeuvres et pensée On lui compte aujourd'hui plus de quatre-vingt ouvrages. Les écrits
de Cheikh Yûsûf sont appréciés dans tout le monde musulman si bien que certains ont été
édités une dizaine de fois et de nombreux ont été traduits dans plusieurs langues étrangères
(surtout l'anglais). Ceux qui ont écrit ou parlé de lui l'ont décrit comme étant un savant
et penseur musulman rare, alliant avec rigueur la loi islamique et les questions inhérentes à
nos sociétés modernes. De ses écrits se dégagent la précision du spécialiste du
jurisprudence, le style attrayant de l'écrivain doué, la réflexion mure d'un savant du réveil
islamique et la ferveur du prédicateur. Il a réussi à donner une réponse aux questions
modernes dans le respect des bases solides et invariantes de Islam.
Son livre
Fiqh Az-Zakâh est l'un des ouvrages les plus approfondis traitant
l'aumône légale. Cheikh Abû Al-A
clâ
Al-Mawdûdî commenta l'ouvrage de Cheikh Yûsuf en disant : « c'est l'ouvrage
du siècle en matière de jurisprudence islamique ». Depuis 1980 et jusqu'à nos jours,
Cheikh Al-Qaradâwî eut un rôle actif pour guider la jeunesse musulmane. Ses points de
vue équilibrés et rigoureux firent de lui l'un des savants contemporains les plus connus et
les plus appréciés dans tout le monde musulman.
Citons quelques-uns de ses ouvrages :
Al-Khasâ'is al-cÂmmah lil-Islam, Caractéristiques générales
de l'Islam, 1977
Al-Halâl wal-Harâm, Le licite et l'illicite
Fiqh Az-Zakâh, La jurisprudence de l'aumône légale, 1969
As-Sahwah al-islâmiyyah bayna al-djuhûd wa At-Tatarruf,
L'Eveil Islamique entre le rejet et l'extrémisme, 1984.
Kayfa natacâmal maca Al-Qur'ân, Comment
aborder le Coran.
Son approche du concept de licite et d'illicite
Dans la préface de 1960 de la première édition de son célèbre
ouvrage
le licite et l'illicite, Cheikh Al-Qaradâwî expose la méthodologie
qu'il a adoptée dans cet ouvrage. De façon plus générale, elle est le reflet de son
approche personnelle. (*)
« Un tel ouvrage exige de son auteur de se prononcer au
sujet de questions qui n'ont pas fait l'unanimité des savants parmi nos prédécesseurs et qui
ont embarrassé les savants contemporains. Aussi pour pencher vers une opinion plutôt qu'une
autre en parlant de licite ou d'illicite, il convient d'être patient et de prendre le temps de
faire des recherches approfondies où l'auteur n'a d'espoir que de satisfaire Dieu et
d'atteindre, grâce à Lui, la vérité.
J'ai constaté aussi que la plupart des écrivains et
chercheurs qui parlent d'Islam dans notre ère appartiennent à l'une des deux catégories
suivantes :
Un groupe ébloui et aveuglé par les éclats de la civilisation occidentale. Impressionnés
par leur grande idole, ils l'ont vénéré, en lui présentant de nombreux sacrifices et en se
dressant humblement devant elle, avec des yeux baissés. Ils acceptent tous les us et les
coutumes de l'Occident ainsi que ses principes, qui à leurs yeux sont indiscutables et
au-dessus du moindre doute. Lorsqu'un aspect de l'islam est en accord avec ces principes et
coutumes occidentales, les voilà comblés de joie, et dans le contraire, ils emploient leurs
efforts pour trouver un compromis, rapprocher la vision islamique de la vision occidentale,
ils se sentent obligés même de s'excuser pour ces divergences ou de déformer les
enseignements islamiques comme si l'Islam n'avait d'autre choix que d'accepter la vision et
les principes occidentaux… Telle a été leur approche en parlant de choses que l'Islam a
rendu illicites telles que : les statues, la loterie, l'usure, les têtes à têtes entre
un homme et une femme non-mahram, se parer d'or ou de soie pour un homme, etc. Ils froncent
les sourcils devant des choses que l'islam a rendu licites telles que le divorce et la
polygamie comme si, pour eux, ce qui est légal en occident doit être licite en islam et ce
qui est illégal en occident devrait être illicite en islam. Ils oublient que l'Islam c'est
La Parole de Dieu et que La Parole de Dieu est toujours la plus élevée. Ainsi l'islam est
à suivre, il n'est pas tenu de suivre, il domine et s'élève au-dessus de tout et il
n'est pas à être subordonné. Car comment penser que Dieu doit suivre ses serviteurs, ou que
Le Créateur doit être subordonné aux passions de ses créatures ? « 23 :71.
Si la vérité était conforme à leurs passions, les cieux et la terre et ceux qui s'y
trouvent seraient[…]. » et « 10 :35. Dis : ‹Est-ce qu'il y a parmi
vos associés un qui guide vers la vérité ?› Dis : ‹C'est Allah qui guide vers
la vérité. Celui qui guide vers la vérité est-il plus digne d'être suivi, ou bien celui
qui ne se dirige qu'autant qu'il est lui-même dirigé ? Qu'avez-vous donc ? Comment
jugez-vous ainsi ?› ».
Quant aux membres de la 2ème catégorie, ils sont figés dans leurs opinions
au sujet du licite et de l'illicite. Ils suivent une opinion qu'ils ont trouvée dans un
ouvrage, en pensant qu'il incarne l'islam. Ils ne s'écartent pas d'un pouce de leurs
opinions. Aussi ils ne mettent pas à l'épreuve les arguments et les opinions qu'ils avancent
et ne les confrontent pas aux arguments des autres pour atteindre la vérité, après
comparaison et analyses critiques. S'il l'un d'eux est interrogé sur la musique, le chant, le
jeu d'échec, l'éducation des femmes, le fait que les femmes ne couvrent pas leur visage et
leurs mains, ou autres questions similaires, « c'est illicite ! »
s'empresseraient-ils de répondre. Leur comportement s'écarte de celui de nos pieux prédécesseurs ;
ces derniers ne déclaraient illicite que ce dont l'interdiction est certaine. Pour les
questions où une opinion tranchée n'existe pas, ils disaient plutôt : « Nous le
désapprouvons », « nous n'aimons pas telle chose », ou des expressions dans
le même esprit.
J'ai fait de mon mieux pour ne pas être dans l'une ou l'autre
catégorie. Je ne peux compromettre ma religion en vénérant l'occident, après avoir accepté
Allah comme Seigneur, l'Islam comme religion et le prophète Muhammad comme messager de
Dieu. En même temps, je ne peux suivre une des écoles de jurisprudence dans toutes ses
opinions, à savoir celles qui s'approchent de la vérité et celles contredites par des
arguments plus forts, en suspendant toute activité de réflexion propre, car comme le disait
si bien Ibn Al-Jawzi « Celui qui imite aveuglément n'a point confiance en celui qu'il
imite. L'imitation exclut la réflexion, alors que le cerveau est crée pour raisonner et réfléchir.
Il est stupide qu'une personne munie d'une bougie pour lui éclairer la voie, l'éteigne et
marche dans les ténèbres. » (
Talbîs Iblis p.81)
C'est pourquoi je ne suis pas resté prisonnier d'une des écoles
de jurisprudence prévalantes en islam, car la vérité n'est pas détenue dans son intégralité
par l'une d'elles. D'ailleurs, les Imâms fondateurs de ces écoles de jurisprudence n'ont pas
prétendu être au-dessus de la moindre erreur, ils ont fait de leur mieux pour atteindre la vérité.
S'ils ne l'atteignent pas ils auront une rétribution, s'ils l'atteignent, la rétribution
sera double.
L'Imâm Mâlik a dit « Dans les paroles de chacun, il y
a des choses à prendre et d'autres à laisser, sauf le prophète paix et bénédiction de
Dieu sur lui ». l'Imâm Ash-Shafi
cî a dit : « Mon opinion est
juste mais elle est sujette à l'erreur ; l'opinion de mes opposants est fausse mais
susceptible d'être juste. »
Il n'est pas digne d'un savant musulman capable de comparer et
de choisir de s'attacher exclusivement à une école de jurisprudence et une seule, ou à un
seul jurisconsulte. Il convient qu'il s'attache à la preuve et l'argument. Est à suivre ce
qui est appuyé par des preuves solides et des arguments probants. A contrario, est à rejeter
ce qui est établi sur des arguments faibles et des preuves incorrectes. L'Imâm
cAlî
l'avait dit : « La vérité ne se mesure pas [à la renommée] de celui qui la véhicule.
Apprends la vérité tu reconnaîtras alors ceux qui s'y attachent. »
Implications internationales Cheikh Yûsuf Al-Qaradâwî est membre des organisations
islamiques internationales suivantes : Centre de Jurisprudence de la Ligue Islamique à la
Mecque, Centre royal de la civilisation islamique en Jordanie, Centre des Etudes Islamiques
d'Oxford, Assemblée des hauts responsables de l'Université Islamique Internationale d'
« Islam Abâd », Organisation de la da
cwah islamique au Soudan. Il est
également le Président du Haut Conseil Européen de la Fatwah.
Cheikh Al-Qaradâwî rendit visite à de nombreux pays
musulmans en Afrique et en Asie et participa à des conférences sur l'islam en Europe et
notamment en France.
Il reçut un prix de la Banque islamique pour le développement
de l'économie islamique en 1990, ainsi que le célèbre prix du Roi Faysal pour les Etudes
Islamiques (photo ci-dessous) en 1992 et en 1996 un prix de l'Université Islamique en Malaysie
pour son activité islamique remarquable.
Les lecteurs et lectrices arabophones et/ou anglophones
trouveront sur le site http://www.qaradawi.net/ une mine
d'or. Que Dieu bénisse les efforts de Cheikh Yûsuf Al-Qaradâwi et qu'Il guide ses pas et
qu'Il pardonne à quelques voix qui s'élèvent pour l'attaquer de façon jalouse, stérile et
souvent sans science. Un proverbe arabe dit « les arbres fruitiers sont souvent lapidés ».
A ces jets de pierres, Cheikh Al-Qaradâwî répond généreusement avec ses écrits féconds
et son appel à Dieu. Que Dieu le récompense pour ce qu'Il a fait et continue à faire pour
servir l'Islam.