Ahmed DEEDAT |
1918 - 2005 |
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biographie
sommaire
Forte d'un milliard de croyants, la religion musulmane
trouve en la personne de Ahmed Hoosen DEEDAT un de ses plus fervents
défenseurs à l'heure actuelle. Tout semble avoir commencé pour Ahmed
DEEDAT alors qu'il était employé dans un petit magasin tenu par
un juif qui l'encensait quotidiennement de citations et de remarques
à connotations religieuses. "La vie était devenue impossible, dira-t-il,
d'autant que nous n'avions pas les moyens de répondre".
Afin de pallier cette lacune, Ahmed DEEDAT s'engage
dans la lecture, entre autres, des différents Evangiles, du Nouveau
et de l'Ancien Testament. Après des études et des recherches minutieuses
dans ces livres saints, il sera à même de déclarer : "Pour chaque
point que vous avancerez au crédit de votre religion, j'en donnerai
dix contre". Cette dernière phrase résume d'ailleurs assez bien
l'état d'esprit du personnage que nous nous proposons d'étudier.
Ahmed Hoosen DEEDAT voit le jour en 1918 a Tadkeshvar
dans la Province de Surat, à l'Est de l'Inde. I1 n'a que neuf ans
lorsqu'il rejoint son père, Hoosen Qassim DEEDAT, en Afrique du
Sud, où il est employé comme tailleur dans Grey Street. Tous deux
s'installent alors à Durban. Il découvre alors en Afrique du Sud
le racisme et l'oppression. Les personnes de couleur sont en effet
une minorité écrasée par les White Rulers (les législateurs blancs)
comme il se plaît à les appeler. Bien que très jeune, il souffre
énormément de cette situation mais en ressortira quelques années
plus tard renforcé dans ses convictions, qu'elles soient d'ailleurs
religieuses ou politiques. Une scolarité effectuée à l'école islamique,
Anjuman Islamic Madressa située dans Pine Street, lui permet d'étudier
notamment l'Islam et l'Anglais. Par la suite, il poursuit sa scolarité
à l'école laïque située dans Cross Street, puis à l'école gouvernementale
de Carlisle Street. Enfin il termine ses études en 1934 et trouve
alors un emploi dans un magasin de Waschbank près de Greytown
dans la région du Transvaal, région située au nord-est de l'Afrique
du Sud, puis à la Mission Adams à Amanzimtot.
Cette mission chrétienne marqua à jamais
Ahmed DEEDAT. En effet, s'il travaille en tant que vendeur dans
un petit magasin, il y a, à proximité de cette mission, un centre
de formation pour missionnaires chrétiens. Des missionnaires qui
se plaisent à s'essayer régulièrement sur les jeunes musulmans employés
dans la mission. Ainsi Ahmed DEEDAT est lui aussi mis à l'épreuve
et se voit poser des questions qui lui paraissent parfois inattendues
et auxquelles il ne sait que répondre. Pourquoi Mohammed a-t-il
impose l'Islam par l'épée ? Comment se fait-il que Mohammed ait
eu plusieurs femmes ? Savez-vous que le Coran est le plagiat de
la Bible ? Autant de questions qui indisposent le jeune DEEDAT qui,
faute de formation et de connaissance de l'islam, ne peut répondre.
II souffrira d'ailleurs énormément de cette situation que lui imposent
les missionnaires chrétiens. Une situation qui n'est pas d'ailleurs
sans rappeler celle qu'il connut en Inde avec les missionnaires
britanniques ! Mais la conjoncture économique mauvaise, à cette
époque, l'oblige à conserver l'emploi qu'il a et donc à souffrir
des remarques désobligeantes de ces missionnaires.
C'est alors qu'il découvre un ouvrage qui lui ouvrira
toute grande les portes de la connaissance de l'islam. L'ouvrage,
publié en 1915, soit trois ans avant sa naissance comme se plaît
à le faire remarquer Ahmad DEEDAT, s'intitule "Izharu al-haqq" (La
vraie vérité). Cet ouvrage qui empeste le "mildiou" - c'est en ces
termes qu'il en parle - lui fait découvrir l'islam et lui permet
d'acquérir une bonne approche de sa religion afin de la transmettre
à son entourage. Ce livre arme Ahmed DEEDAT, lui fournit du matériel
afin d'assurer la défense de l'islam qu'il sent attaqué de toutes
parts par les missionnaires. Dès lors, fort des enseignements de
cet ouvrage, il organise des rencontres avec d'autres personnes
et leur parle de la religion, de sa religion. Ces rencontres se
multiplient et son auditoire est toujours plus important. C'est
au cours d'une réunion à laquelle il assiste qu'il fait la connaissance
d'un Anglais musulman, M. FAIRFAX. Celui-ci enseigne la religion
comparative, et donne notamment des conférences ayant pour thèmes
les prophéties telles qu'elles sont relatées dans la Bible. Ahmed
DEEDAT suit ces cours avec assiduité. Alors que M. FAIRBAX sera
absent, il proposera de le remplacer, un remplacement qui durera
trois années avec un auditoire toujours plus important. "Enseigner
fut pour moi la meilleure façon d'étudier !" déclare t-il alors.
Si tout semblait le destiner à devenir employé de bureau, vendeur
ou peut-être à terminer une carrière qui s'annonçait prometteuse
à un poste de direction, déjà le caractère de Ahmed DEEDAT s'affirme
et laisse présager une carrière d'orateur...
Parallèlement à son emploi de vendeur, il suit
des cours du soir au Collège technique M.L. Sultan. Il y étudie
la dactylographie, la comptabilité et les mathématiques, entre autres
matières. Ses cours l'intéressent de plus en plus et il s'investit
énormément dans ses études. Il s'inscrit également à des cours ayant
trait à la radio, à l'électricité et quelques autres matières techniques.
Il devine déjà qu'il ne pourra pas rester en Afrique du Sud, il
se découvre une âme voyageuse. Alors il acquiert le maximum de connaissances
et décide d'économiser parcimonieusement en vue d'un prochain départ.
C'est ainsi qu'en 1949 se réveille de façon encore plus violente
cette envie longtemps refoulée : partir !
C'est le Pakistan qui retiendra son attention.
Un pays qui lui rappelle sans doute l'Inde où il a vu le
jour et qu'il a quitté jeune adolescent. Il séjournera trois ans
au Pakistan. Trois années durant lesquelles son expérience de la
vente et de l'administration lui seront des plus utiles. Il est
employé au sein d'une manufacture textile. Au terme de ces trois
années, des raisons administratives l'obligent à faire un choix
: repartir pour l'Afrique du Sud ou opter pour la nationalité pakistanaise.
Il décide de retourner en Afrique du Sud. Dés son
retour, un poste à responsabilité lui est offert au sein de l'usine
ou il était employé auparavant : l'ancien directeur étant décédé,
un poste est vacant, il l'accepte aussitôt. Sept ans après, sa décision
ferme et définitive est prise : désormais, il travaillera à la propagation
de la religion islamique dans le monde. A partir de ce moment là,
il consacrera la majeure partie de son temps à la mission qu'il
s'est alors fixée. Il s'attache dés lors à travailler le coté psychologique
de son projet, il cherche à développer sa confiance en lui, il participe
à des conférences et des symposiums et organise des rencontres avec
de nombreuses personnalités afin de débattre des questions religieuses,
de soulever des points d'actualité et de répondre à toutes interrogations
d'un point de vue religieux. Ses connaissances en matières de christianisme,
de judaïsme et d'islam sont sans nul doute le fait de toutes ces
entrevues et d'un travail très minutieux de mémorisation, d'analyse
et de synthèse.
Sa carrière d'orateur débute réellement en 1954,
avec pour cadre le Théâtre Avalon. Les conférences qu'il donne se
succèdent et connaissent un succès qui l'étonne d'ailleurs, lui
qui autrefois restait muet devant les arguments de son employeur
juif et des missionnaires chrétiens. Sa popularité croissante le
surprend toujours. Il est ainsi invité à donner des conférences
à l'occasion de festivités religieuses. Un groupe de touristes,
un jour, l'a même invité à se rendre à Johannesburg afin de donner
une conférence pour la célébration de l'anniversaire du Prophète
Mohammed. Il effectue, grâce à cette conférence, son premier vol
en avion. Nous sommes en 1958 !
"Johannesburg, alors pourquoi pas Durban ?" se
dit-il. En décembre 1958, il donne alors une première conférence,
puis une seconde à Durban. Peu de temps, après l'occasion lui est
donnée de s'installer à 75 kilomètres de Durban. I1 fonde le centre
"As Salaam" (la paix) qui se veut être une mission de formation
pour musulmans. C'est en quelque sorte déjà l'ébauche du futur IPCI
(Islamic Propagation Centre International - Centre International
de Propagation Islamique). L'évolution du nombre de ses conférences
et leur succès le conduisent à décider en 1959 de "faire carrière"
en temps qu'orateur. Dés lors, il donnera régulièrement des conférences
devant un auditoire qui regroupe parfois plusieurs milliers d'auditeurs.
Il est appelé dans presque tous les centres administratifs de son
pays, ainsi que les universités.
Il est également sollicité à l'étranger : en Europe,
aux Etats-Unis, en Afrique, en Asie, par des pays chrétiens, musulmans,
mais aussi bouddhistes, hindouistes... La conférence qui connut
le plus grand succès fut, sans nul doute et jusqu'à ce jour, celle
qu'il tint à Green Point, dans la région du Cap. Plus de trois mille
personnes l'attendaient ce jour-là. Tout au long de son discours
le silence le plus religieux régnait et une ovation générale vint
conclure celui-ci.
Au tout début des années 50, Ahmed DEEDAT rédige
son premier livret : "Mohammed dans l'Ancien et le Nouveau Testament".
Ce livret marque le début d'une longue série d'ouvrages plus ou
moins volumineux, traitant de sujets divers - religion, politique,
sémantique - tous aussi riches les uns que les autres, et qui incitent
le lecteur, qu'il soit d'obédience musulmane ou chrétienne, à se
remettre en question a chaque question posée ainsi qu'à chaque réponse
donnée. Parmi tous les ouvrages que Ahmad DEEDAT a rédigé deux sont
particulièrement marquants : "La Bible est-ce la parole de Dieu
?" et "Les Arabes et Israël: conflit ou conciliation ?" Autant de
sujets délicats qu'Ahmed DEEDAT tentent d'approcher, en établissant
une étude comparative entre l'Islam et les autres religions, et
plus particulièrement le christianisme.
Comment cet homme qui se plaît à se définir comme
un autodidacte réussit-il à mobiliser tant de personnes lors des
conférences données dans son pays, mais aussi à l'étranger ? Pourquoi
ses ouvrages et ses cassettes sont-ils traduits à présent ? L'Homme
est un personnage en lui-même. Il a pour lui un physique et un caractère
fort, persuasif et des connaissances profondes dans le domaine de
la religion, des religions, ainsi qu'un don incontestable d'éloquence.
Ahmed DEEDAT est l'homme d'une mission.