Wanted ! Le prince Walid...par un theologien saoudien

Le prince milliardaire saoudien, "Al-Walid ben Talal, doit être traduit devant un tribunal islamique", a décrété un théologien saoudien, horrifié par une déclaration du neveu du roi d’Arabie saoudite, estimant inévitable l'ouverture de salles de cinéma dans ce royaume ultraconservateur.

"Des personnes comme le prince Al-Walid ben Talal et Al-Walid Ibrahim doivent être traduits devant un tribunal de la charia» (loi islamique), a jugé cheikh Youssef ben Abdallah Al-Ahmed, un membre du corps enseignant de la faculté de théologie de l’Université islamique "Imam Muhammad Ibn Saud", à Ryad.

Pires que les trafiquants de drogue.

"Ces deux hommes ne sont pas moins dangereux pour les musulmans que les trafiquants de drogue", a ajouté le théologien dans une fatwa mise en ligne samedi sur son site internet personnel.

Le premier contrôle le groupe Rotana -- qui a produit "Manahi", un film à grand succès qui a été montré en public en décembre, une première depuis la fin des années 1970, lorsque la puissante "Commission pour la promotion de la vertu et la prévention du vice", chargée de faire appliquer la charia, avait interdit toute projection publique de films.

Le second est un proche de la famille régnante saoudienne et propriétaire de la Middle East Broadcasting Centre (MBC). En septembre, il avait été indirectement visé-- au même titre que le neveu du roi et l’homme d'affaires saoudien Saleh al-Kamel, le propriétaire de la LBC (Lebanese Broadcasting Corporation) et du bouquet ART – par un appel au meurtre des patrons des chaînes satellitaires qui "propagent la dépravation et la luxure".

L’auteur de la Fatwa (décret religieux), cheikh Saleh Al-Lahidane, alors président du Haut Conseil de la Justice et membre du Conseil supérieur des oulémas, a été la principale figure de "la vieille garde" de ll’establishment religieux limogée lors du "changement historique" du 13 février en Arabie.

Dans un communiqué publié le 23 février par la presse saoudienne, le prince-milliardaire a prédit la fin de l’interdiction du cinéma dans le royaume où la projection de "Manahi" à Djeddah, la métropole relativement permissive sur la mer Rouge, a déjà commencé à faire tache d’huile, y compris à Ryad, la capitale prude.

Al-Walid "avilit les Saoudiennes" !

"De tels propos ne sont pas étonnants de la part du prince Walid, le propriétaire des chaînes satellitaires dépravées qui encouragent le vice, lui qui cherche constamment à avilir la femme et à la montrer maquillée et le visage découvert, surtout lorsqu’il s’agit de femmes du pays des deux Haramain" (ndlr: la Grande Mosquée à La Mecque et la Mosquée du Prophète Muhammad à Médine, en Arabie saoudite), a ajouté le dignitaire religieux.

Quelques jours auparavant, la seconde épouse d’Al-Walid, la princesse Amira Al-Tawil, avait assené un coup aux conservateurs, représentés notamment par la police religieuse, en se laissant photographier par le quotidien Al-Watan, son beau visage découvert. Elle s’était aussi déclarée prête à prendre le volant dans ce pays, le seul au monde où les femmes sont interdites de conduire.

Une Saoudienne à la tête du "Kingdom Tower" !

Mais le prince-milliardaire, l’ennemi juré des "obscurantistes", a récidivé: le quotidien saoudien Al-Jazira a publié dimanche la photo d’une jeune et belle femme, le visage dévoilé. C'est Nada Salah Al-Atiqi, la première Saoudienne nommée par le prince Walid "directrice générale de Kingdom Tower", un gratte-ciel à Ryad, le plus haut en Arabie saoudite et le 40e plus grand bâtiment au monde. C'est aussi le siège de la société-phare du prince, le Kingdom Holding Company.