ABDALLAH ET CHIRAC

Abdallah et Chirac en nuit de noces diplomatique et financière

C’est en grandes pompes que le président français, Jacques Chirac, a reçu durant trois jours le prince héritier d’Arabie Saoudite Abdallah ben Abdel Aziz pour sa première venue sur le territoire français depuis les attentats du 11 septembre.

L’actualité sanglante qui a entouré la mort de l’ex premier ministre libanais Rafic Hariri a rapproché les deux hommes : En effet Rafic Hariri entretenait avec Jacques Chirac des liens privilégiés et détenait aussi la double nationalité libano-saoudienne car était très proche de la famille Saoud qui le considérait comme un de ses ambassadeurs sur le plan international.

Ce " rapprochement " semble aller en convergeant lorsque que Abdallah ben Abdel Aziz a invité Dammas à se désengager du Liban alors que les pressions internationales sont incessantes, soutenant une " diplomatie " française caricaturée par le président Chirac qui ne souhaite plus que la Syrie intervienne dans les affaires libanaises.

Mais au delà des aspects " diplomatiques " qui rapprocheraient les deux dirigeants, c’est bien évidemment encore une fois l’aspect économique qui est sur le devant de la scène : Le dirigeant saoudien est venu rappeler au gouvernement français son attachement au projet Myska qui consiste en un très large projet de sécurisation militaire des frontières saoudiennes, un sujet d’actualité depuis l’invasion de l’Irak par les troupes américaines où cette frontière est devenue une large passoire par laquelle transite une très grande quantité d’armes et autres candidats au Jihad en Irak.

C’est dans ce contexte que Jacques Chirac et le prince Abdallah ont insisté sur la " nécessité d'activer la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme, ainsi que contre ses sources de financement ", une curieuse rhétorique pour un état qui a été depuis des années en première ligne du financement du terrorisme international.

Jacques Chirac se découvre donc ici un nouvel ami, un peu à la manière des américains il y a quelques annés. Un nouvel ami avec les poches pleines d’euros et que le gouvernement français se propose de sur-armer, au nom d’une sacro-sainte lutte contre le terrorisme à laquelle personne ne croit plus vraiment.

Une visite de trois jours du dirigeant saoudien qu’il a curieusement choisi de faire juste avant de se rendre aux USA, comme une sorte de pied de nez à l’administration américaine à qui il entend ainsi démontrer que celle-ci n’a dorénavant plus le même poids et que d’autres puissances sont prêtes à se " vendre " à l’Arabie Saoudite.

A la question de savoir pourquoi Abdallah ben Abdel Aziz a choisi de se rendre en France avant d’effectuer son séjour diplomatique aux USA, celui-ci à rétorqué " Je ne fais aucune différence entre les deux pays. Nos peuples sont amis depuis des dizaines d'années ", une petite phrase qui devrait inquiéter plus que rassurer le président français lorsque l’on connaît la qualité des liens " d’amitié " qui unissaient les USA aux saoudiens, liens d’amitiés façonnés à coups de pétrodollars.

Après avoir fourni à l’Irak de Saddam Hussein de quoi utiliser l’énergie nucléaire lorsque celui-ci était considéré comme un " grand ami " de la France par Jacques Chirac, après avoir soutenu l’Iran, ennemi héréditaire du régime saoudien, dans son projet d’enrichissement d’uranium, c’est aujourd’hui au tour des saoudiens de bénéficier du " soutien " de Jacques Chirac… Espérons que ces divers " soutiens " ne nous retomberont pas sur la tête un de ces jours prochains