[b]LE VIEILLARD ET LE ROI[/b]

Des histoires, il y en a dans tous les pays, dans toutes les langues. Où que vous soyez, vous en trouverez. Si vous regardez le ciel au moment où le soleil se couche, vous allez voir de plus en plus d'étoiles. Il vous sera impossible de les dénombrer. Ainsi en est-il des histoires dont l'origine se perd dans la nuit des temps. La lumière qui tombe des étoiles a mis des milliers d'années lumières pour traverser les ténèbres de la nuit et guider les voyageurs nocturnes. Alors de tout cœur, je vous souhaite que la lumière que contiennent ces histoires imprègne vos cœurs et qu'elle vous aide à grandir.

Il était une fois, un vieil homme qui vivait à la porte du désert. Il connaissait la vie, son origine, sa valeur. Il la respectait dans la pierre, dans chaque plante, dans chaque animal et en chaque homme. Un jour, alors qu'il était en train de planter un arbre, le Roi, accompagné de son fidèle Vizir, l'aperçut. Il en conçut un grand étonnement. Certes, notre bien-aimé Prophète a dit : "La veille de ta mort, plante un arbre." Mais combien le font ? Aussi, d'un regard, il envoya son vizir. Ce dernier le salua :

- O bienheureux vieillard ! Que la Paix soit avec toi !

- Qu'elle t'accompagne aussi, lui répondit-il.

- A ton âge planter un arbre a de quoi surprendre ...

- Ils ont planté et nous avons mangé. Nous plantons et ils mangeront ...

Le Roi acquiesça d'un geste de la tête. Le Vizir lança au vieux sage une bourse pleine de pièces d'or ... Amusé, en la soupesant, il dit :

- Qu'un arbre donne des fruits le jour où il est planté a de quoi surprendre encore plus !

Le Roi acquiesça de nouveau et le vieux reçut une nouvelle bourse.

- Deux récoltes la même année est un autre miracle de notre Seigneur et Maître, le Dieu tout puissant !

Le Roi, très satisfait, fit une nouvelle fois signe au Vizir de récompenser ce curieux jardinier. Puis, les deux reprirent leur route.

Le brave homme rangea la troisième bourse qui venait de lui échoir et se remit au travail comme si de rien n'était.

Mais surtout ne croyez pas que le vieil homme était intéressé par l'or. Ce serait une grande méprise ! Bien au contraire, il s'en moquait totalement. Pour lui ces dons n'étaient que la reconnaissance de son état spirituel : de la lumière congelée qui servait d'étalon pour lui signifier sa majesté dans les trois mondes. Et ne croyez surtout pas que le Roi et le Vizir étaient un roi et un vizir comme les autres. Non ! Le vizir était comme la lune qui transmet la Lumière du Soleil, son Roi, car comme il est écrit :

Il n'a pas été donné à un mortel que Dieu lui parle autrement

que par révélation, ou de derrière un voile, ou bien encore qu'Il lui envoie un

messager qui révèle, par Sa permission, ce qu'Il veut. Il

est Sublime et Sage. (Sourate 42, La consultationverste 51)