Algérie / Des voyages très contrôlés
Les visas vers la France se font attendre
La France envisage de réduire le délai d'octroi des visas aux Algériens. Mais les formalités restent dissuasives face à des demandes nombreuses.
« Des visas ! Des visas ! » La foule algéroise avait accueilli par ce cri le président Chirac lors de sa visite en mars 2003.
Trois ans plus tard, le visa vers la France fait toujours rêver les Algériens. En témoignent les longues files devant le consulat de France à Alger, endroit qui reste sous haute protection policière. Deux fois par semaine, des centaines de personnes arrivent, souvent très tôt. Elles doivent attendre plusieurs heures avant d'accéder au guichet.
Les visas sont délivrés par les consulats d'Alger et d'Annaba. La réouverture du consulat d'Oran, fermé durant les années 90 à cause des attentats, est prévue pour 2007.
En 2005, la France a délivré 150 000 visas à des Algériens, sur 250 000 demandes. Trop peu, estiment les Algériens. « Mais pour la première fois depuis dix ans, le taux de satisfaction a dépassé 50% », a noté Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, lors de sa visite à Alger les 9 et 10 avril. En fait, cette performance est surtout liée à la baisse des demandes de visas par rapport aux dernières années.
Des formalités dissuasives
La baisse est due à l'augmentation des tarifs du visa ainsi qu'à l'amélioration de la situation économique et sécuritaire en Algérie. « En 2001, nous avions traité plus de 800 000 demandes de visas », rappelle Francis Heude, consul général de France à Alger.
Année après année, la France durcit les conditions d'octroi du visa accordé aux Algériens. Le dossier administratif s'est alourdi de nouvelles pièces administratives comme l'extrait de naissance. Le demandeur doit aussi verser 35 € de frais ; ils ne sont pas remboursés en cas de refus. Or cette somme représente le tiers du salaire minimum en Algérie, 10 000 dinars, 100 € !
Délais moins longs au
Maroc ou en Tunisie
Beaucoup d'Algériens trouvent ces restrictions humiliantes. « Les délais pour obtenir un visa en Algérie sont de 21 jours au minimum. Au Maroc et en Tunisie, la réponse est fournie en moins d'une semaine. Les hommes d'affaires de ces deux pays obtiennent leur visa le jour même du dépôt de la demande. Pourquoi cette discrimination ? L'Algérie est le plus grand partenaire commercial de la France dans le monde arabe », s'est plaint récemment M. Habour, président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie.
Philippe Douste-Blazy a été saisi de ces doléances par le président Bouteflika. Les Algériens veulent que le problème de la circulation des personnes entre l'Algérie et la France soit pris en compte dans le traité d'amitié qui est en négociation, mais sans cesse annoncé et sans cesse reporté.
Le chef de la mission économique près l'ambassade de France a toutefois indiqué récemment que le délai d'octroi d'un visa passerait bientôt de trois semaines à quinze jours.