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La crainte en Allah et l'espoir et la conciliation des deux Allah -te'ala- a expliqué dans Son Livre le but de la création de l'être humain:
« Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils M'adorent. »(S.51 V.56)
Les gens de science ont défini l'adoration comme étant « tout acte aimé d'Allah ».
Et nous savons, conformément à la parole d'Allah citée ci-dessous, que la crainte d'Allah et l'espoir sont des actes d'adoration.
Allah dit :
« Ils concouraient au bien et Nous invoquaient par amour et par crainte. Et ils étaient humbles devant Nous. »(S.21 V.90)
Et aussi :
« Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur, doit accomplir des bonnes actions et ne Lui associer aucun autre dans son adoration ". »(S.18 V110)
Et la crainte -tout comme l'espoir- est un acte d'adoration relatif au cœur, c'est un acte spécifique à Allah, et ne peut être partagé avec les créatures. Allah dit :
« C'est Allah qui est plus digne de votre crainte si vous êtes croyants! » (S.9 V.13)
et aussi
« Le tonnerre Le glorifie par Sa louange, et aussi les Anges, sous l'effet de Sa crainte. » (S.13 V.13)
Ainsi que les versets suscités.
Cette vie étant éphémère, et sachant que le vrai bonheur se trouve dans l'au-delà, le Prophète -sal Allahu 'aleyhi wa salam- nous a conseillés dans ce sens :
« Sois dans la vie d'ici-bas tel un étranger ou un passant (voyageur) » [Boukhary]
Il nous est conseillé de ne pas nous attacher à cette vie-ci, mais plutôt de la considérer comme un lieu de transit.
Ce bas-monde est comparable à une oasis.
Les bédouins dans leur interminable marche dans le désert, quand ils l'aperçoivent, vont à elle, s'abreuvent à son eau douce et fraîche, profitent de l'ombre des arbres, reprennent des forces, font des provisions (en eau et fruits) et après tout cela enfourchent leur monture et continuent leur voyage.
Ils ne considèrent cette oasis que comme moyen et non pas comme une fin en soi.
Telle est la parabole du croyant qui sait tirer profit des bienfaits de ce monde pour faire fructifier son capital dans l'au-delà. Et parmi les bagages essentiels du voyage il y a les provisions, car en effet Allah -te'ala- dit :
« Et prenez vos provisions; mais vraiment la meilleure provision est la crainte d'Allah -Taqwa-. Et redoutez-Moi, ô doués d'intelligence! »(S.2 V.196)
Et la provision du croyant est la crainte d'Allah, et pour espérer acquérir la crainte, il faut que le croyant connaisse son Seigneur et connaisse Sa colère.
Allah -te'ala- a en effet dit :
« Et craignez Allah. Et sachez qu'Allah est dur en punition. »(S.2 V.196).
Et Il -te'ala- dit aussi :
« Je crains, si je désobéis à mon Seigneur, le châtiment d'un jour terrible". » (S.10 V.15)
Allah nous demande d'être conscient qu'Il est dur en punition, et ce savoir-là nous aide à nous éloigner de ce qui provoque cette punition.
Ce savoir nous aide à réaliser la crainte d'Allah. Cette crainte est comme une protection, une barrière, un rempart placé entre cette punition et nous-même.
Allah dit :
« À Allah seul appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. "Craignez Allah! " Voilà ce que Nous avons enjoint à ceux auxquels avant vous le Livre fut donné, tout comme à vous-mêmes. » (S.4 V.131)
Ceci est le conseil d'Allah pour les hommes : du premier au dernier.
Et cela est également le conseil du Prophète - Paix et Bénédiction d'Allah sur lui - envers sa communauté, il -sal Allahu 'aleyhi wa salam- exhortait ses compagnons à la taqwa. Et les salafs s'encourageaient entre eux à avoir la crainte d'Allah, et l'enseignaient à leurs enfants.
Un homme dit un jour au chef des croyants 'Omar Ibn Al Khattab -radiallahu anhu :
« Crains Allah ».
'Omar Ibn Al Khattab dit :
« Il n'y aurait aucun bien en vous si vous ne nous rappeliez pas la crainte envers Allah et il n'y aurait aucun bien en nous si nous n'acceptions pas ce rappel. »
Assurément, pour que le bien perdure sur terre, il faut que les gens se rappellent mutuellement la crainte d'Allah, car c'est cela qui nous pousse à délaisser les interdits et nous empêche de nous décharger de nos obligations.
Un jour, en période de troubles (fitan), alors que le sang des musulmans coulait, versé par d'autres musulmans, un groupe de salafs (pieux prédécesseurs) vint voir Talq Ibn Habib -rahimaoullah- (un tabi'i) et lui dit :
« La fitna (le désordre) est apparue : comment nous en préserver ? » Il répondit : « Protégez-vous en par la crainte d'Allah -
Taqwa-. Mettez la Taqwa comme rempart entre la fitna et vous. » Ils lui dirent : « Définis-nous la Taqwa. »
Il répondit : « La Taqwa c'est agir dans l'obéissance d'Allah, grâce à une lumière venant d'Allah, en espérant la récompense d'Allah. Et c'est également abandonner la désobéissance envers Allah, selon la lumière venant d'Allah, par crainte du châtiment d'Allah. »
Un grand nombre de savants, parmi lesquels : Ibn Taymiya, Ibn Al Qayyim, Dhahabi, Ibn Rajab et d'autres, ont considéré cette définition comme étant une des meilleures définitions de la Taqwa.
La Taqwa c'est la mise en pratique des ordres divins et l'éloignement des interdictions divines. Pour cela l'adorateur n'a besoin que d'une seule chose : la lumière d'Allah. Par cette lumière, il saura quelles sont les obligations et quelles sont les interdictions. Et cette lumière n'est autre que « la lumière de la science ».
La crainte doit être constamment dans le cœur des croyants, et à cette crainte doit être aussi joint l'espoir.
En effet Allah -te'ala- dit :
« Ils s'arrachent de leurs lits pour invoquer leur Seigneur, par crainte et espoir».
Le croyant, lorsqu'il fait un acte d'adoration, espère d'une part la récompense divine -le paradis-, et d'autre part, se prémunit contre le châtiment divin - l'enfer -. Et que cela soit un acte obligatoire ou surérogatoire.
L'espoir implique nécessairement la crainte, s'il n'en est pas ainsi, on finit par ne plus éprouver de crainte et être trop sûr de soi. Et inversement, la crainte implique nécessairement l'espoir, s'il n'en est pas ainsi, c'est le désespoir. Lorsque l'homme craint une chose, il la fuit. Quand le serviteur craint Allah, il retourne à Lui repentant, Lui demandant pardon, et ne Le fuyant point. Comment pourrait-on fuir Celui auprès de qui tout retournera ?
Certains parmi les pieux prédécesseurs ont dit que celui qui adore Allah -te'ala- en éprouvant uniquement de l'amour pour Lui, doit être considéré comme un faux croyant -Zindiq-. Quand à celui qui adore Allah seulement avec de la crainte, il est considéré comme frivole. Quand à celui qui adore Allah avec seulement l'espoir, il est considéré comme un murdjite -secte égarée qui considère que les actes ne font pas partie de la foi-. Mais celui qui adore Allah avec amour, crainte et espoir, c'est le véritable croyant monothéiste.
Abu Ali Ar-Rudhbari -rahimaoullah- a dit : « La Crainte et l'Espoir sont comme les deux ailes d'un oiseau. Lorsqu'elles sont équilibrées, l'oiseau est stable et son vol normal. Lorsque l'une d'entre elles manque, le vol devient défectueux. Dans le cas où elles disparaissent toutes les deux, l'oiseau se trouve en danger de mort ».
Et s'il y a un moment où le serviteur doit réunir ces deux-là, c'est bien à l'agonie.
Le Prophète -sal Allahu 'aleyhi wa salam- entra un jour chez un jeune homme en pleine agonie, il lui dit alors :
« Comment te sens-tu ? ». Il dit : « Par Allah ! Ô Messager d'Allah -Sal Allahu 'aleyhi wa salam, j'ai espoir en Allah, mais j'ai peur à cause de mes péchés. » Le Messager d'Allah lui dit alors : « Tout adorateur qui réunit dans son cœur ces deux choses -l'espoir et la crainte- pendant son agonie, Allah -te'ala- lui donnera ce qu'il espère et le rassurera de ce qu'il craint »
[Tirmidhi, Sahih selon Albany]
L'espoir du serviteur en la récompense divine est comparable à l'espoir qu'éprouve le paysan quand il laboure son champ, l'ensemence et l'irrigue, il espère que tout l'effort qu'il a fourni portera ses fruits et que son champ donnera des biens en abondance. Est-ce que celui qui a travaillé son champ est comparable à celui qui ne l'a pas travaillé ? Les biens récoltés seront-ils égaux ? Assurément, non. C'est pour cela que le serviteur doit œuvrer pour sa vie future.
L'espoir implique trois choses :Aimer ce que l'on espère,
craindre de ne pas pouvoir l'obtenir,
s'empresser de l'obtenir selon ses capacités.
La miséricorde d'Allah étant grande, nous devons avoir de l'espoir quant au pardon de nos péchés et à la possibilité qu' Allah accepte de nous éviter le châtiment de l'enfer.
En effet Allah -te'ala- dit :
« Sauf celui qui se repent » (S.19 V.60) et « Allah ne châtie point ceux qui recherchent Son pardon. », « Certes, les bonnes actions effacent les mauvaises actions. »(S.11 V.114)
et Il -te'ala- dit aussi :
« Dis : "Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d'Allah. Car Allah pardonne tous les péchés. Oui, c'est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux". »(S.39 V.53)
Et Il a aussi dit :
« Certes Allah ne pardonne pas qu'on Lui donne quelque associé que ce soit. A part cela, Il pardonne à qui il veut. Mais quiconque donne à Allah quelque associé que ce soit commet un énorme péché » (S4V48)
Et les versets mettant en avant la miséricorde d'Allah, - c'est de là que découle l'espoir- sont multiples. Pour ce qui est des ahadith en voici quelques uns :
Selon 'Oubad Ibn Asamet -radiAllahou anhou-, le Messager d'Allah -sal Allahu 'aleyhi wa salam- a dit :
«Celui qui a attesté qu'il n'y a nulle divinité digne d'adoration si ce n'est Allah, unique et sans aucun associé, que Mohammad est Son humble adorateur et Son Messager, que Issa est l'humble adorateur d'Allah, Son Messager, Sa Parole qu'il a envoyée à Marie et un Esprit venant de Lui, que le Paradis est vrai et que l'Enfer est vrai, Allah l'introduira au Paradis quelle que soit son œuvre»
(Boukhary et Mouslim)
Dans une autre version :
«Celui qui atteste qu'il n'y a nulle divinité sauf Dieu et que Mohammad est le Messager d' Allah Allah le préservera de l'Enfer»
Et aussi : Selon Abou Hourayra -RadiAllahou ahnhou-, le Messager d' Allah -sal Allahu 'aleyhi wa salam- a dit :
«Lorsqu' Allah fit la création, II écrivit dans un Livre qui se trouve près de Lui au-dessus du Trône : «Ma miséricorde a vaincu Ma colère»
(Boukhary et Mouslim)
Et Aussi : Abou Ayoub Al Ansary -radiAllahou anhou- a dit:
«J'ai entendu le Messager d'Allah -Sal Allahou 'aleyhi wa salam- dire : «Si vous ne faisiez pas de péchés, Allah créerait certainement des gens qui pécheraient, puis prieraient Allah de les absoudre et Allah les absoudrait"
(Rapporté par Mouslim)
Et les ahadith allant dans ce sens sont innombrables. Et nous pouvons voir que La Miséricorde d'Allah est grande envers ses serviteurs. Mais il ne faut pas se reposer juste sur cela - l'espoir- car de l'autre côté il y a aussi la justice d'Allah. Très certainement Il nous demandera des comptes sur la façon dont on a passé notre vie sur cette terre. Si elle est conforme à ses ordres, nous pouvons espérer Sa récompense, si elle est contraire à ses ordres, alors nous devons craindre Son châtiment.
La communauté musulmane dans toute chose est une communauté de juste milieu, en effet Allah -te'ala- dit :
« C'est ainsi que Nous avons fait de vous une communauté du juste milieu, afin que vous soyez des témoins pour l'humanité » (S.2 V.143)
Et ce juste milieu était le credo des pieux prédécesseurs, ainsi ils ne se mettaient jamais en marge dans quelque affaire que ce soit, mais étaient plutôt justes et équilibrés. Il en était de même pour la crainte et l'espoir. Ils se situaient entre les deux, et ne se contentaient pas de l'une en délaissant l'autre.
C'est pour cela que le musulman doit être en tout temps entre la crainte et l'espoir.
Tel l'homme qui marche grâce à ses deux jambes.
Wa Allahou 'Alam
Votre frère Ibn Djelaz Al Albany
Bibliographie :
Al Qouran Al Karim
'Aquida Tahawiya, Imam Tahawiy & Explication de 'Ibn Abi Al 'Izz
Talkhis Ahkam Al Janaïz, Cheikh Albany
At-Taqwa, Cheikh Abdur-Razaq Al 'Abad -audio en français-
Tafsir Ibn Kathir
copié de alminhadj.fr