Comme c’est le cas du verset suivant, selon lequel Dieu guide celui qui se repent :
« Dis : « En vérité, Allah égare qui Il veut ; et Il guide vers Lui celui qui se repent » s13 v27
Ils citent l’exemple des enfants d’Israël qui furent la cause de leur propre déviation et malédiction :
« Puis quand ils dévièrent, Allah fit dévier leurs cœurs » 61.5
« Et puis, à cause de leur violation de l’engagement, Nous les avons maudits et endurci leurs cœurs : ils détournent les paroles de leur sens et oublient une partie de ce qui leur a été rappelé » s5 v13
Tout cela prouve, affirment les mou’tazilites, que l’homme seul forge et crée ses actions.
L’école de Ahl Assunna wal Jamaa a emprunté une voie médiane basée à la fois sur la révélation et sur la raison. Elle suggère que tout ce que les hommes font se situe dans le cadre de la Volonté et de la Prescience divine. Notre libre arbitre, disent-ils, s’exerce dans les limites de l’Ordre établi par Dieu et en parfaite harmonie avec la Volonté de Dieu qui prime celle de l’homme.
Cheikh al-Islam Ibn Taimiyya définit ainsi qu’il suit la doctrine de Ahl Assunna Wal Jamaa sur le destin, à savoir que « Dieu est le Créateur, le Seigneur et le Souverain de toute chose et cela englobe toutes les espèces existant par elles-mêmes ou par leurs attributs y compris les actions humaines et autres. Ce qu’Il veut, Gloire à Lui, est, et ce qu’Il ne veut pas n’est pas. Rien ne se trouve dans l’existence sans Sa volonté et Son pouvoir, rien ne Lui est impossible, Il est Omnipotent et Il est Capable de faire tout ce qu’Il veut. Il connaît, Gloire à Lui, ce qui était, ce qui sera, ce qui ne sera pas et comment ce serait si c’était et cela englobe toutes les actions humaines et autres. Allah a prédéterminé le destin de Ses créatures avant qu’Il les crée : Il a déterminé leurs termes, leurs richesses et leurs actions et a écrit tout cela et a écrit leur devenir heureux et malheureux, ils ( Ahl Assunna wal Jamaa) croient qu’Il a créé toute chose et qu’Il est Capable de tout faire et que tout existe selon Sa volonté, que Sa science précède toute chose, qu’Il a prédéterminé et écrit toute chose avant sa création... » [Recueil des Fatwas d’Ibn Taimiyya : http://ibntaimiah.al-islam.com]
D’après ladite école, les actions créées par Dieu dans l’univers se divisent en deux parties :
La première partie concerne les faits relevant des lois de la nature où l’homme n’a pas le choix comme la pluie, le vent, la germination, ces choses relèvent de la seule volonté et des seuls attributs de Dieu.
La deuxième partie est composée des actions dépendant de la seule volonté humaine car Dieu a laissé aux hommes le choix en cela.
L’homme a la capacité de repousser des destins liés à son libre choix et qui entraînent châtiment et récompense : ainsi la prière, le jeune, on peut les accomplir comme on peut ne pas les accomplir, l’obéissance aux parents ; l’homme peut s’abstenir de forniquer et de voler, il peut faire le bien. Ainsi, il peut repousser un destin avec un autre, exemple la faim, il mange pour l’assouvir, la maladie il se soigne, l’incroyance, il peut la repousser par la foi ; l’ignorance par l’instruction et la recherche du savoir, sur ce point l’homme a le pouvoir d’agir ou de s’abstenir.
Dieu a montré que l’homme est la cause de son propre égarement. L’homme ne connaît pas son destin, il ne sait pas ce que Dieu avait écrit à son sujet en bien ou en mal jusqu’à ce que son destin se concrétise. Comment se fait-il qu’il emprunte le chemin de l’égarement puis il proteste que Dieu lui ait voulu cela ?
Dieu a déterminé à l’avance la richesse de chacun, mas il n’empêche que l’homme doit faire des efforts pour acquérir cette richesse, ce n’est pas en croisant les bras qu’il obtienne cette richesse. Pas plus qu’il ne l’obtienne en perpétrant des forfaits.
On ne peut se prévaloir du destin pour commettre des péchés, comme les associateurs qui disent : ‘‘Si Dieu avait voulu nous ne Lui aurions pas donné des associés’’.
Il en est ainsi parce que l’homme n’a pas connaissance de la Science de Dieu et il n’a jamais appris que tel ou tel acte lui a été destiné ? Le Destin relève du mystère que seul Dieu connaît. On ne peut dire que Dieu a écrit que je vole, alors je vais exécuter son destin. La personne qui parle ainsi, a-t-elle pris connaissance des Tables gardées et lu ce qu’elles contiennent ? La réponse est naturellement NON.
D’aucun estiment que les versets du Coran relatifs au destin et au libre arbitre se contredisent. Ils citent comme exemple les versets suivants :
« Tout malheur qui vous atteint est dû à ce que vos mains ont acquis » s42 v30 et « rien ne nous atteindra en dehors de ce qu’Allah a prescrit pour nous » s9 v51
En effet, il n’y a pas de contradictions entre ces versets : Allah nous a montré que ce qui nous a atteints est de notre faute, à cause de nos actes et Il nous a montré que ce qui arrive est conforme à Son Décret et à Sa Prédestination. Sa prescience et sa prédétermination des faits a précédé toute chose, mais Allah Gloire à Lui, a lié et conditionné tout ce qui nous arrive comme malheur à des causes propres à nous, même si ces événements sont déjà écrits et prédéterminés. A partir du moment où nous avons la volonté, le choix de nos actes, la liberté d’agir, tout ce qui nous arrive c’est la conséquence de nos actions, bonnes ou mauvaises. Dieu a dit : « Quel que soit le malheur qui vous atteint, il est la conséquence de ce que vous avez fait. Mais Dieu efface un grand nombre de vos péchés » s42 v30
Il n’y a pas de contradiction entre le destin et l’action, le destin est une question de prescience, de connaissance préexistante, et les actions comme la fornication, le vol, le meurtre, les injustices à l’égard de la création et des créatures, sont les nôtres et nous en sommes comptables car nous en avons le libre choix et le plein pouvoir. Dieu en a la preuve décisive. Le fait que nos actions et les conséquences qui en découlent soient connues d’avance par Dieu ne saurait justifier nos fautes ni nous servir d’excuses ou de prétexte à notre désobéissance.
Nous sommes responsables de nos actions, de nos fautes et de nos défaillances, à moins que Dieu veuille nous les pardonner.
Nous devons certes croire à la prédestination, mais cette croyance ne doit pas nous conduire à la paresse, à la résignation et à l’incurie. Il nous appartient d’agir en conformité avec les prescriptions d’Allah et de Son messager et donc ignorer ce qui nous a été prédestiné. N’ayant aucune connaissance du futur, nous devons agir selon nos possibilités et nos moyens et oublier la notion de destin qui devient de plus en plus nuisible et qui a acquis une connotation totalement opposée à l’Islam.
Recueil des Fatwas d’Ibn Taimiyya