Comment agir face à la tentation du mal?

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Ibnou Qayyîm (rahimahoullâh) écrit dans son livre Madâridj-ous-Sâlikîn que les péchés sont certes tous différents, mais qu'ils commencent tous de la même façon : ils apparaissent à l'esprit de l'homme. Puis, ils s'installent dans cet esprit et troublent l'homme. Celui-ci enfin donne forme au péché avec sa langue, son bras, etc..




Les choses sont donc simples, explique Ibnou Qayyîm : il suffirait de détourner sa pensée du péché dès que celui-ci apparaît. C'est effectivement une méthode très efficace. Les sages ont écrit : « Celui qui s'efforce de contrôler ce qui lui traverse l'esprit, Dieu lui permettra de contrôler ses membres. »




Et Ibnou Qayyîm d'expliquer qu'il faut encourager cette méthode car elle est radicale contre le péché. Mais pour cela, écrit-il, il faut encore relever deux points :






Quand on dit qu'il faut détourner l'esprit du mal, cela suppose que l'individu trouve la force de le faire. Or, celui qui s'est accoutumé au mal trouvera pénible de s'en écarter intellectuellement. Il faut donc l'aider en lui faisant remarquer deux évidences :



a) L'effort contre le mal est très pénible au début, mais de plus en plus facile après. Le plus difficile est le premier pas. Une fois qu'il est accompli, les autres suivront derrière avec moins de difficultés.

b) Il faut s'éloigner des causes qui font naître la pensée du mal dans l'esprit. Plus on se protège des assemblées malsaines ou des ambiances de débauche, plus il nous sera facile de détourner notre esprit du mal. En conséquence, on réfléchira très concrètement à nos comportements quotidiens : « Qu'est-ce qui me pousse à mentir facilement ? », « Quelle assemblée m'entraîne vers la médisance ? », « Suis-je plus enclin au péché quand je fais telle ou telle chose ? » etc.. Une fois ce constat opéré, on prendra les mesures qui s'imposent. Cette introspection est essentielle.


2. Détourner l'esprit d'accord, mais vers quoi ? C'est là qu'intervient l'apport de la pensée de Dieu (Dhikr). Un des avantages du Dhikr est qu'il occupe l'esprit, donc chasse l'insouciance (ghaflah). Il faut en faire à profusion, de sorte que lorsque le mal se présente à nous, et qu'on détourne notre pensée pour l'orienter vers Dieu, notre esprit « s'accroche » à cette pensée de Dieu. Cette "accroche" n'est possible que si nous avions dans un premier temps accoutumé notre esprit à la pensée de Dieu. Elle n'est possible que si nous avions auparavant goûté au plaisir de la pensée de Dieu. Si aucun effort n'avait été entrepris dans cette direction, il est à craindre que notre entreprise de détourner l'esprit du mal soit sans grand effet, puisque l'esprit n'étant pas habitué à penser à Dieu, il se détournera à nouveau pour revenir au mal. C'est la raison pour laquelle l'islam n'a pas posé de conditions pour le Dhikr. On peut le faire (et on est même encouragé à le faire) en toutes circonstances, sans restriction.


Mouftî Shafî' (rahimahoullâh) écrit que c'est la seule adoration pour laquelle Dieu demande qu'on la fasse « beaucoup ». Aucune autre adoration n'est exigée de cette manière. Le Coran ne dit pas « Priez beaucoup » ou « Jeûnez beaucoup » ou « Faîtes beaucoup de Hadjs ». Mais le Coran a dit « Faîtes beaucoup de Dhikr » (« Ô croyants! Souvenez-vous de Dieu en abondance. Glorifiez-le matin et soir » S.33 / V. 41-42 ) En effet, le mal étant susceptible de se présenter à l'esprit à tout moment, le coeur doit être accoutumé au Dhikr.





Cheikh Hassan al-Bannâ (rahimahoullâh) disait : "Le coeur de celui qui pense à Dieu est complètement immunisé contre Satan. Celui-ci n'a de prise que sur le coeur insouciant. Et si un coeur insouciant se met soudain à penser à Dieu, Satan ne peut plus continuer à y insuffler ses mensonges."


Une exception:


Tous les péchés commencent de la même manière, mais il en est un qui fait exception. Ce péché là est particulier. Il se drape du bien et pénètre l'esprit de l'homme.!Ce péché est l'innovation (bid'ah). Sa ruse est perfide parce qu'il empêche toute réaction - et pour cause ! - car c'est habillé du bien qu'il vient pousser au mal. Contre ce péché, il n'y a qu'une seule arme : adopter l'humilité de celui qui sait qu'il peut se tromper, tout en approfondissant la science religieuse qui seule permet de démasquer ce mal.

Dans le même registre que l'innovation, il faut mettre tous les péchés que nous minimisons et pour lesquels nous ne réagissons pas avec vigueur, pensant qu'ils sont minimes. Le danger est leur banalisation. Ibnou Mass'oûd (radhiyallâhou 'anh)) disait : "Tout péché mineur (saghîrah) que tu minimises devient majeur (kabîrah)."


Cheikh Zakariyya al-Kandahalwî (rahimahoullâh) écrit à propos du verset de la sourate al-Baqarah:

"Et quand vous dîtes : "Ô Moûssa ! Nous ne pouvons plus supporter toujours la même nourriture. Invoque ton Seigneur en notre faveur pour qu'Il fasse pousser pour nous, entre autres produits de la terre, des légumes, des concombres, de l'ail, des lentilles, des oignons." - "Voulez-vous donc échanger, leur répondit Moûssa, ce qui est bon contre ce qui l'est moins ? Descendez à n'importe quelle ville ! Vous y trouverez sûrement ce que vous demandez." Là, ils furent frappés d'humiliation et d'indigence ; et la Colère de Dieu s'abattit sur eux pour n'avoir pas voulu croire à Ses signes et pour avoir tué injustement Ses Prophètes. Telles furent les suites de leur transgression et de leur désobéissance." (2/61) :


"La fin du verset montre la cause des très grands péchés que furent la perte de la foi et le meurtre des prophètes : leurs péchés de tous les jours, qu'ils minimisaient, finirent par leur donner la force d'aller vers les grands péchés."




Résumé:


Le Dhikr (souvenir de Dieu) est essentiel contre la majorité des péchés et le 'Ilm (science) est indispensable contre l'innovation et afin de fait de déceler les péchés subtils. Et parce que le Dhikr repose sur les données apportées par la science religieuse, on comprend que la science est en fait incontournable. Science ('Ilm) et pensée de Dieu (Dikr) sont les ailes du croyant. Sans l'une des deux ailes, l'oiseau ne va pas bien loin.




Le Coran comme remède absolu:




Si science et Dhikr sont les deux outils captant l'esprit pour le protéger de la tentation, on comprend, dit Ibnou Qayyîm, pourquoi le Coran est le remède le plus efficace qui soit. Chaque verset du Coran est science en même temps qu'il est rappel. Le Coran est en effet un enseignement, mais en même temps il est demandé au musulman de le lire et de le relire. Le Prophète (swallallâhou 'alayhi wasallam) a vanté celui qui, terminant une lecture du Coran, entame de suite une nouvelle lecture.




Chaque musulman connaît ne serait-ce que quelques versets du Coran. En considérant ces versets, en les répétant, en les méditant, en les psalmodiant... nous développerons en nous une familiarité avec ces versets qui nous sera bien utile quand les tentations se présenteront à nous. Un compagnon terminait toutes ces prières par la même sourate : « al-ikhlâs » (« Qoul houwallâhou Ahad). Les gens se plaignirent au Prophète (swallallâhou 'alayhi wasallam) qui leur envoya questionner l'homme sur la raison de son attitude. Celui-ci répondit : « J'aime cette sourate car elle parle des qualités du Miséricordieux. » Et le Prophète (swallallâhou 'alayhi wasallam) de dire : « Annoncez-lui que Dieu l'aime par l'amour qu'il porte à cette sourate. »



« Ô Allah! Aide nous à nous souvenir de Toi, à être reconnaissant envers Toi et à parfaire Ton adoration! »

Âmîne

salam

amin