28. Eviter d’énumérer les faveurs et les bienfaits prodigués, hormis en cas de réprimande ou bien lorsque l’on n’est pas capable de répondre à une demande. Dans ce dernier cas, il ne s’agit pas d’évoquer ses bienfaits pour montrer un rapport de force mais plutôt pour rappeler le lien d’amitié qui les liait avant la demande [par exemple, il s’agit de dire : « Je ne peux pas satisfaire à ta demande, je t’ai déjà donné ceci et cela… »].
Allah dit :
« Ô les croyants! N’annulez pas vos aumônes par un rappel ou un tort » [Sourate « La Vache » – v.264]
Un homme disait à ses enfants : « Lorsque vous recevez un bienfait d’une personne, faites-le lui oublier ». Puis il dit : « Rappeler sa bonne action l’annule ».
Ibn Hazm rapporta : « Il existe uniquement deux situations où il est autorisé d’évoquer les bienfaits : la réprimande et le refus d’une demande. Hormis ces deux circonstances, il est odieux et réprouvé d’agir de la sorte.
29. Prendre garde à ne pas nuire ni blesser les sentiments d’autrui par une parole, un acte ou un geste.
30. Éprouver de l’affection envers ses frères, désirer ardemment retrouver ses origines et ressentir de la nostalgie pour le passé. Ibn Abdil-Barr rapporte :
« On demanda à certains sages le critère qui permettait de déterminer l’intégrité des hommes sans les connaître, ni les tester. Ils répondirent : « Par leur volonté de retrouver leurs origines et leur regret du passé ».
Ils rapportèrent en outre qu’Al-Asmacî rapporta qu’un bédouin dit un jour : « Si tu souhaites connaître l’intégrité d’une personne et sa capacité à tenir ses engagements, observe donc le désir qu’il éprouve à retourner à ses terres d’origine, son affection envers ses coreligionnaires et le regret qu’il éprouve pour son passé ».
31. La bonté et la piété envers les parents, et l’entretien des liens de parenté (ou de proximité).
32. Rendre le mal par le bien.
33. Accepter les excuses de ceux qui en demandent.
L’Imâm Ash-Shâfiî a évoqué :
Accepte les excuses de la personne qui vient te demander pardon,
Qu’il ait dit du bien de toi ou non
Celui qui fait ce qu’il te plait t’a certes respecté,
Et celui qui te désobéit en secret t’aura obéi.34. Bien penser d’autrui et leur trouver des excuses.
Après la mort d’un des enfants de Yûnus Ibn Ubayd, on lui dit : « Le fils de Awn n’est pas venu te présenter ses condoléances ». Il rétorqua : « Lorsque nous sommes liés avec un frère par une forte amitié, son absence ne nous affecte pas ».
La femme de Abdullah Ibn Mutî dit à son mari :
- « Je n’ai pas vu pire que tes compagnons ! Lorsque tu te trouves dans l’aisance, ils te fréquentent et dans le cas contraire, ils t’abandonnent ! »
- Il répondit : « Cela est dû à leur noblesse : ils nous entourent lorsque nous sommes en position de force par rapport à eux et ils nous quittent quand nous nous retrouvons impuissant devant ces derniers ».
Deux hommes, amis l’un de l’autre, passèrent à proximité de Khâlid Ibn Safwân et l’un d’eux fit un
c’est comme si l’auteur faisait allusion au champ lexical de la guerre. Il compare ses amis à des personnes courageuses qui n’ont pas peur de se retrouver en état de faiblesse devant plus fort qu’eux et qui ont pitié du faible lorsqu’il se retrouve affaibli et le délaissent.
détour pour venir le voir tandis que le second s’en détourna. On rapporta cela à Khâlid qui rétorqua : « Le premier est venu me voir car c’est une personne polie et le second s’est détourné car c’est une personne de confiance [ : c’est-à-dire qu’elle ne cherche pas à se mélanger avec n’importe qui] ».
35. La générosité sous toutes ses formes : en faisant don de sa personne, de sa science, de son argent, de son pouvoir et en servant autrui. Etre généreux en évitant de solliciter les gens, en se montrant indulgent et ainsi de suite...
36. Préserver l’honneur d’autrui. S’éloigner des endroits où règnent la suspicion et la moquerie.
37. Se détourner des ignorants :
« Accepte ce qu’on t’offre de raisonnable, commande ce qui est convenable et éloigne-toi des ignorants ». [Sourate « Al-Acrâf », v.199].
38. L’indifférence [face aux erreurs d’autrui].
39. Faire des concessions dans les transactions commerciales, sans que ce soit par faiblesse ou par incapacité.
40. S’offrir des cadeaux conformément à la parole du prophète (saws): « Offrez-vous des cadeaux, vous vous aimerez entre vous ».
41. Etre indulgent et contenir sa colère.
42. Traiter les gens en fonction de leur rang.
43 Chercher le compromis et éviter les mésententes entre les compagnons, particulièrement lors d’un voyage.
Al-Ahnaf Ibn Qays disait : « Si je m’étais assis auprès de cent personnes, j’aurai aimé chercher la satisfaction de chacune d’entre elles».
3 Rapporté par Al-Bukhârî dans « Al-Adab Al-Mufrad », par Al-Bayhaqî dans « As-Sunan Al-Kubrâ », d’après le hadith d’Abû Hurayrah.
Abû Ghassân Ghanâh Ibn Kulayb disait également : « Je me réunis un jour avec Muhammad Ibn An-Nadhr Al-Hârithî, cAbdullah Ibn Al-Mubârak, Fudhayl et un autre homme. Je leur avais préparé à manger. Muhammad Ibn An-Nadhr n’essayait jamais de nous contredire. C’est pourquoi Ibn Al-Mubârak s’étonna et lui dit : « Tu nous contredis que très rarement ! » puis il leur a entonné les vers suivants :
Si tu fréquentes une personne, fréquente un noble, plein de pudeur, de chasteté et générosité.
Qui dit non lorsque tu dis non, et dit oui lorsque tu dis oui.
44. Evoquer les qualités et camoufler les défauts d’autrui.
45. Avoir un corps propre.
46. Dégager une bonne odeur.
47. Accorder de l’importance à l’apparence sans exagération, ni vanité.
48. Accepter la critique constructive et le conseil sincère avec noblesse et ouverture.
49. Eviter de trop manger, parler, dormir et se mêler aux autres.
50. Respecter les us et les coutumes tant qu’elles ne sont pas en contradiction avec la législation islamique.
51. Veiller à toujours se comporter comme un étranger ici-bas.
52. Fréquenter les nobles d’esprit.
53. Accorder une grande considération au bien que les autres font.
Sufyân Ath-Thawrî disait : « J’étais assoiffé mais une personne me précéda au point d’eau puis m’abreuva ensuite. Le bien qu’il m’avait fait m’était insupportable, car je ne pouvais pas trouver de quoi le récompenser en échange ».
54. Oublier ses bonnes actions et les considérer comme insignifiantes.
55. Respecter les droits des voisins en évitant de leur porter atteinte, en supportant leurs torts, en les protégeant, en les défendant, en se montrant bienveillant avec eux et en les honorant.
56. La crainte pieuse (« At-taqwâ »). Elle constitue l’essence de la noblesse d’esprit. Elle est son début et sa fin. Elle est comme un joyau au milieu de son collier.
Le délice et le mérite de la grandeur d’esprit
Même si la grandeur d’esprit implique la privation d’un grand nombre de plaisirs, elle est en fait un délice en elle-même, voire l’un des plus grands plaisirs ici-bas. Et s’il y a bien dans la préservation de la grandeur d’esprit un grand nombre de difficultés à affronter, la paix intérieure que trouve l’homme lorsqu’il atteint un niveau de maturité élevé lui fera oublier chaque peine et lui effacera toute trace de fatigue.
Lorsque nous analysons plus profondément les comportements et les règles de bienséances auxquels la grandeur d’esprit incite, nous remarquons qu’ils mènent tous au respect et à l’admiration de celui qui s’est en paré.
Eduquer à la noblesse d’esprit
Après avoir détaillé les nobles comportements et les bonnes manières qui constituent la grandeur d’esprit, et ayant remarqué que l’enracinement de ces derniers dans l’âme nécessite de la patience, un effort sur soi-même, un esprit d’observation ainsi qu’un certain tact, il devient alors un devoir d’éduquer nos âmes à préserver ces comportements et d’éduquer nos enfants et ceux qui sont sous notre responsabilité sur cette voie ; et ce depuis l’âge de raison. L’objectif recherché est qu’ils ne soient pas influencés par des mauvaises conduites et n’acquièrent pas de fâcheuses habitudes qui les priveraient alors d’acquérir les comportements vertueux, car il n’y aurait dès lors plus de place dans l’âme pour ces derniers.
De ce fait, si nous leur inculquons les valeurs de noblesse d’esprit, ils vanteront notre paternité, se montreront reconnaissants pour notre bonne éducation et seront une réjouissance pour nos yeux, un exemple pour les générations futures, et une belle parure pour notre communauté. Ils récolteront par cela la force ici-bas et le bonheur dans l’au-delà.
FIN