Un coup de coeur pour une "héroine" de la vie, que j'aimerai partager et qui mérite qu'on l'évoque.
Myriam Ben (Ben Haim) est petite fille de musicien, de musique andalouse. Ses ancêtres chassés d'Andalousie, ont cherché, et trouvé refuge en terre d'Islam, à une époque, où la terre d'Islam, était une terre de tolérance, à l'âge d'or de sa civilisation et de sa culture, alors que l'occident était dans la nuit.
Elle est née le 10 octobre 1928 à Alger, et a résidé avec sa famille à Madania.
Au lycée, âgée alors de 13 ans, elle subit sa première humiliation, nous sommes en 1941 et le régime de Pétain, appique les lois racistes.. Quatre élèves, dont Myriam, sont interpellées par la directrice en pleine classe : on leur retire leurs cartes d'identités, pour les leur rendre le lendemain, avec la mention "indigène". Elle rentre chez elle effondrée, mais son père lui dit : "pourquoi pleures-tu, mais tu n'es rien d'autre qu'une indigène ! ".
Quelques semaines plus tard, elle est mise à la porte : "on venait de me fermer la porte de la culture..." Elle se met alors à l'étude de la musique et apprend le piano avec son beau-frère.
Réintégrée au lycée en 1943, on ne lui permit pas d'étudier l'arabe comme elle le souhaitait (l'arabe étant enseigné alors comme étant une langue étrangère)
A l'âge de 14 ans, elle entre aux jeunesses anarchistes et y rencontre de jeunes communistes distribuant "la jeune Algérie", et se sent concernée par les problèmes posés, car c'était les problèmes de la jeunesse algérienne : absence de formation, misère, bidonville, prison.
Toute cette formation qu'elle a reçu explique qu'elle fasse partie en 1954, de cette jeunesse mûre qui combat pour l'indépendance. Des rencontres décisives jalonnent son parcours de militante : Kateb Yacine, Yveton, Henri Maillot, Henri Alleg.
Nommée institutrice à Ain-Bessem, puis à Oued Fodda, elle constate sur le terrain, la misère et l'anaphalbétisme qui frappent les paysans algériens.
Recherchée pour son soutien aux maquisards, elle plonge dans la clandestinité et n'en ressortira qu'à l'indépendance. Entre temps elle fût condamnée par contumace à 20 ans de travaux forcés par le tribunal des forces armées d'Alger.
A la libération, elle reprend sa place à "Alger républicain", où elle avait assuré des vacations pendant ses congés, et participe à la sortie des premiers journaux.
De retour dans l'enseignement, elle soutient une thèse de doctorat en 1972 à la Sorbonne et enseigne à Boumerdès, prend sa retraite en 1985 et en profite pour partager son temps entre de multiples activités : écriture, peinture, conférences, expositions.
D'une bibliographie, très riche en nouvelles, poèmes et romans, émergent quelques titres :
-l'enfant à la flûte '1974)
-le chant de l'aurore, ainsi naquit un homme (1982)
-sur le chemin de nos pas (1984), Sabrina, ils t'ont volé ta vie.
Ce poème, lu lors d'une réunion regroupant Palestiniens et Algériens en 1864, illustre son engagement pour la cause palestinienne et exprime très fort, son caractère d'éternelle insoumise.
Dis-moi mon père
Dis-moi
Ces gens qui dansent
la hora
Sur du sang
Sur des cadavres
On me dit que ce sont
mes frères
Pardonne
On ne pardonne pas
Ne me demande pas
De les appeler frères
Laisse-moi rebrousser
chemin
Je vais à reculons
Dans la caverne hantée
Par nos ancêtres martyrs
Vous avez fait de moi
Une révolutionnaire
Je ne suis qu'une révoltée.
Publié par le quotidien " soir d'Algérie"