La participation dans les banques usurières De la part d’Abdul-Azîz ibn Abdullah Ben Baz à nos frères musulmans, qu’Allah nous aide à emprunter son droit chemin et nous évite le chemin de ceux qui ont encouru Sa colère et celui des égarés. Amîn. Que la paix, la miséricorde et la bénédiction d’Allah soient sur vous.
Les publicités se sont multipliées invitant à prendre des participations dans les banques à intérêt dans les journaux locaux et étrangers, incitant les gens à y déposer leur argent contre un intérêt déterminé.
Certains journaux publient même des fatwas de certaines personnes qui autorisent les transactions avec ces banques usurières moyennant un intérêt déterminé. Ceci est une entreprise dangereuse puisqu’elle constitue une désobéissance à Allah et à Son Messager, prière et salut d’Allah sur lui, et contredit ses ordres. En effet Allah, qu’Il soit exalté, dit :
« Que ceux, donc, qui s’opposent à son commandement prennent garde qu’une épreuve douloureuse ne les atteigne, ou que ne les atteigne un châtiment douloureux. »1
Il est clairement prouvé par les textes juridiques du Coran et de la Sunna que l’intérêt pris par ceux qui déposent leur argent contre leur prise de participations, ou leur dépôt dans ces banques usurières est un péché et fait partie de l’intérêt interdit par Allah et Son Messager. Il figure parmi les grands péchés qui anéantissent la bénédiction (Baraka), font encourir la colère du Seigneur Tout-Puissant et causent le rejet de leurs bonnes oeuvres. Le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a dit :
« Certes, Allah le Très-Haut est Pureté. Il n’accepte que ce qui est pur. Il ordonne aux croyants ce qu’Il a ordonné à Ses envoyés. Or, Allah le Très-Haut a dit :
« Ô Messagers ! Mangez de ce qui est permis et agréable et faites du bien. »2
Et Allah le Très-Haut a dit aussi :
« Ô les croyants ! Mangez des (nourritures) licites que Nous vous avons attribuées. »3
Là-dessus, le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, fit allusion à un homme qui a fait un long voyage, les cheveux ébouriffés, couvert de poussière, et qui tend les mains vers le ciel, en disant :« Ô Seigneur, ô Seigneur » ; cependant, sa nourriture est illicite, sa boisson est illicite, ses vêtements sont illicites, et il a été nourri (dans son enfance) de choses illicites ; comment Allah peut-il exaucer ses invocations ? »4
Que chaque musulman sache qu’il est responsable devant son Seigneur de son argent : comment il l’a obtenu et comment il l’a dépensé. Dans un hadith, le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a dit :
« Personne ne quittera l’endroit (du jugement), le Jour de la Résurrection, avant d’avoir été questionné sur quatre choses : comment il a passé sa jeunesse, comment il a passé sa vie, comment il a gagné son argent et comment il l’a dépensé, et comment il a mis en pratique sa science. »5
Sache, ô serviteur d’Allah - qu’Allah te facilite la voie vers ce qu’Il agrée, ainsi qu’à nous - que l’intérêt fait partie des grands péchés. Son interdiction est décrite de manière très sévère dans le Livre d’Allah et la Sunna de Son Messager, prière et salut d’Allah sur lui, sous ses différentes formes et ses différents noms. Allah le Très-Haut dit :
« Ô les croyants ! Ne pratiquez pas l’usure en multipliant démesurément votre capital. Et craignez Allah afin que vous réussissiez ! * Et craignez le Feu préparé pour les mécréants. * Et obéissez à Allah et au Messager afin qu’il vous soit fait miséricorde ! »6
Le Très-Haut dit aussi :
« Tout ce que vous donnerez en usure pour augmenter vos biens au dépend des biens d’autrui ne les accroît pas auprès d’Allah. »7
Le Très-Haut dit encore :
« Ceux qui mangent [pratiquent] l’intérêt usuraire ne se tiennent (au Jour du Jugement) que comme se tient celui que le toucher de Satan a bouleversé. Cela, parce qu’ils disent : « Le commerce est tout à fait comme l’intérêt. » Alors qu’Allah a rendu licite le commerce, et illicite l’intérêt. Celui donc, qui cesse dès que lui est venue une exhortation de son Seigneur, peut conserver ce qu’il a acquis auparavant ; et son affaire dépend d’Allah. Mais quiconque récidive... alors les voilà, les gens du Feu ! Ils y demeureront éternellement.* Allah anéantit l’intérêt usuraire et fait fructifier les aumônes. Et Allah n’aime pas le mécréant pécheur. »8
Allah le Très-Haut dit :
« Ô les croyants ! Craignez Allah ; et renoncez au reliquat de l’intérêt usuraire, si vous êtes croyants.* Et si vous ne le faites pas, alors recevez l’annonce d’une guerre de la part d’Allah et de Son Messager. Et si vous vous repentez, vous aurez vos capitaux. Vous ne léserez personne, et vous ne serez point lésés. »9
Comme est grand le crime de celui qui déclare la guerre à Allah et Son Messager ! Qu’Allah nous protège contre ceci ! Le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a dit :
« Evitez les sept péchés. »
Les Compagnons lui demandèrent : « Quels sont-ils, ô Messager d’Allah ? » Il dit :
« Donner un associé à Allah, la sorcellerie, tuer l’âme qu’Allah a rendu sacrée sauf de droit, prendre l’intérêt, prendre l’argent de l’orphelin, tourner le dos au combat (Jihâd) et calomnier les femmes chastes, croyantes et innocentes. »10
Dans le Sahîh de Muslim, selon Jâbir, qu’Allah l’agrée :
« Le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a maudit celui qui prend l’intérêt, celui qui le donne, celui qui l’écrit et ses deux témoins. Et il a dit :
« Ils sont égaux (dans le péché). »
Ces quelques preuves du Livre d’Allah et de la Sunna de Son Messager, prière et salut d’Allah sur lui, montrent l’interdiction de l’intérêt et ses dangers sur l’individu et la société. Celui qui fait usage de l’intérêt a commis un grand péché et a déclaré la guerre à Allah et Son Messager.
Par conséquent, mon conseil à tout musulman désirant la satisfaction d’Allah et la vie de l’au-delà est de craindre Allah, qu’Il soit exalté, dans sa personne et ses biens, de se contenter de ce qu’Allah et Son Messager ont permis et de s’abstenir de ce qu’Allah et Son Messager ont interdit. Il y a en effet, dans ce qu’Il a permis ce qui nous suffit pour nous abstenir de ce qu’Il a interdit. Il incombe donc au musulman sincère envers lui-même, qui cherche le bien, à se prévenir contre le châtiment d’Allah, à gagner Son agrément et Sa miséricorde, à s’éloigner de la participation dans les banques usurières, du dépôt de son argent avec intérêt ou des crédits avec intérêt. Ce sont des transactions usurières et elles font partie de l’entraide au mal et à la transgression interdit par Allah le Très-Haut :
« Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes oeuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. »11
Crains Allah, serviteur d’Allah et sauve ton âme, ne te laisse pas abuser par le nombre des banques usurières, de leurs transactions et de leurs clients. Cela n’est pas une preuve de sa permission, mais plutôt une preuve que beaucoup de gens désobéissent à Allah et contredisent Sa Loi. Allah, qu’Il soit exalté, dit :
« Et si tu obéis à la majorité de ceux qui sont sur la terre, ils t’égareront du sentier d’Allah. »12
Malheureusement, nombreux sont ceux auxquels Allah a accordé de Ses largesses et a donné beaucoup de richesses, et qui ne donnent plus d’importance aux principes de l’islam, et qui ne se contentent plus de ce qu’Allah a permis en délaissant ce qu’Allah a interdit. Ils ne s’intéressent qu’à amasser de l’argent, que le moyen d’y parvenir soit licite ou non. Ceci est le résultat de la faiblesse de leur foi, leur manque de crainte de leur Seigneur Tout-Puissant, et c’est l’amour de la vie d’ici-bas qui a dominé leur coeur.
Nous demandons à Allah la droiture et la protection contre tout ce qui contredit Sa Loi pure. Ce constat douloureux pour de nombreux musulmans annonce l’imminence de la colère d’Allah et de Son châtiment. Allah, Glorifié, nous a avertis contre la calamité des désobéissances et des péchés :
« Et craignez une calamité qui n’affligera pas exclusivement les injustes d’entre vous. Et sachez qu’Allah est dur en punition. »13
Je conseille aux responsables des journaux locaux en particulier, et à ceux des pays musulmans en général, de débarrasser leurs publications des articles qui contredisent la Loi d’Allah, dans tous les domaines de la vie. Je conseille aussi aux autorités responsables de contraindre les directeurs de presse à ne pas publier les articles allant à l’encontre de la religion d’Allah, ou de les censurer. Sans doute, ceci est leur devoir, et ils seront interrogés devant Allah, s’ils le négligent.
Je conseille encore à mes frères musulmans en général, de craindre Allah Plein de bénédiction et Très-Haut, de s’accrocher au Livre de leur Seigneur et à la Sunna de leur Prophète Muhammad, prière et salut d’Allah sur lui, de se contenter de ce qu’Allah a rendu licite, d’éviter ce qu’Allah leur a rendu illicite et de ne pas être leurrés par ce qui est écrit ou publié parmi les fatwas autorisant la prise de participations dans les banques usurières ou les dépôts procurant de l’intérêt, ou amoindrissant le mal de ces transactions. En effet, ces fatwas ne se basent pas sur des preuves juridiques tirées du Livre d’Allah ou de la Sunna de Son Messager, prière et salut d’Allah sur lui, mais ce sont plutôt les avis des hommes et leur interprétation.
Nous demandons à Allah qu’Il nous guide et nous protège contre les égarements. Qu’Allah aide les musulmans en général et leurs gouvernants en particulier, à respecter le Livre de leur Seigneur (le Coran) et la Sunna de leur Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, à appliquer la loi d’Allah dans tous les domaines de la vie, à se diriger vers ce qui est bien pour leur religion et leur vie, à éviter le chemin de ceux qui ont encouru Sa colère et celui des égarés. Il est Digne de cela, Il est Capable de toute chose.
Et les prières d’Allah vont vers le meilleur des hommes, notre Prophète Muhammad, sur sa famille, et tous ses Compagnons. Que la paix, la miséricorde et la bénédiction d’Allah soient sur vous.
Fatwa de Cheikh Ben Baz
Tirée de son recueil de fatwas
Volume 19 page 137
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1 La Lumière, v. 63.
2 Les Croyants, v. 51.
3 La Vache, v. 172.
4 Rapporté par Muslim dans le chapitre de la Zakât (1015).
5 At-Tirmidhî dans le chapitre de la description du Jour du Jugement (2416) selon le hadith d’Ibn Masscûd, (2417) selon le hadith d’Abû Barza.
6 La Famille d’cImrân, v. 130-132.
7 Les Romains, v. 39.
8 La Vache, v. 275, 276.
9 La Vache, v. 278, 279.
10 Al-Bukhârî dans le chapitre des testaments (2766), Muslim dans le chapitre de la foi (89).
11 La Table Servie, v. 2.
12 Les Bestiaux, v. 116.
13 Le Butin, v. 25.