"Veiller devant l'écran nuit gravement au sommeil
Somnoler au cours de la journée arrive à un Français sur cinq, au moins trois fois par semaine, et même après une bonne nuit. L'Institut national du sommeil et de la vigilance a aussi mis en évidence que le temps de sommeil diminue constamment, de cinq minutes par an. Les académies de médecine et de pharmacie, qui se sont émues conjointement du problème, estiment que « nous avons perdu une heure de sommeil en cinquante ans ».
Explications ? Outre les temps de trajet quotidiens, les nuits trop courtes - un tiers des Français ne dorment que six heures - et les horaires de travail, les spécialistes accusent un phénomène grandissant : l'« électronisation » des soirées. Comprendre : le temps plus long et tardif passé devant sa télé, ou, pire, son ordinateur.
Horloge interneLa télé a élu domicile dans la chambre de la moitié des Français. « Certains vont s'endormir devant, constate l'Institut du sommeil, consommant une part de sommeil nécessaire à la nuit à venir. » Mais c'est surtout la lumière produite par les écrans, et pas seulement la bonne vieille télé, qui pose problème.
« Quand on se trouve à dix centimètres d'un écran d'ordinateur ou d'Iphone, très lumineux, l'intensité est forte », explique le Dr Sylvie Esnault, de l'unité du sommeil de l'hôpital de Brest. Suffisamment pour
« retarder la sécrétion de mélatonine ».Cette hormone dite « du sommeil »,
« est secrétée vers 3 ou 4 h du matin quand on a été correctement éclairé dans la journée et au moment propice ». Rester collé à l'écran le soir retarde sa production.
Le médecin affine l'explication :
« Dans le cerveau, une horloge interne située dans l'hypothalamus règle l'alternance entre veille et sommeil. Elle détermine génétiquement la quantité de sommeil dont chacun a besoin pour être bien vigilant, et ses rythmes », c'est-à-dire le fait d'être plutôt du soir ou du matin.
Mais cette horloge interne, pour bien fonctionner sur 24 heures,
« doit être synchronisée par des éléments extérieurs », le principal étant l'alternance entre la lumière du jour et le noir de la nuit. Des informations lumineuses envoyées tard à l'hypothalamus - via le nerf optique - perturbent la synchronisation de l'horloge.
Conclusion : pour bien dormir,
« on s'éclaire bien le jour et on limite les expositions lumineuses à partir d'une certaine heure », résume Sylvie Esnault.
Claire THÉVENOUX."