l'heure du bilan...à faire souvent

30 MINUTES D'INTROSPECTION

Essayons incha Allah de nous interroger une légère demi-heure, sur ce qu’attendait de nous notre Seigneur Tout-Puissant, au cours de la dernière année. Tu trouveras si Dieu le veut, quelques bilans soigneusement sélectionnés, afin de te renvoyer à tes acquis et tes lacunes, bousculer ton âme dans ses certitudes, et te faire prendre conscience de tes éventuels manquements, ainsi que de tes devoirs qui t’attendent au cours de cette nouvelle année.


Mais pourquoi donc une introspection, un bilan ? Le fait est que lorsqu’on prend connaissance des effets des oeuvres dans le coeur, il est dur de ne pas être soucieux de son état. C’est en effet ce que disait le messager de Dieu (prière et salut sur lui) dans le hadith authentique rapporté par At-thirmidi, An-nassa’i et d’autres :


« Lorsque le croyant commet un péché, son coeur se tache d’un point noir ; s’il se repent, revient totalement sur sa faute et demande pardon, son coeur est à nouveau poli, mais s’il persiste [dans sa faute] le point grandit jusqu’à recouvrir le coeur tout entier. Et c’est cela la « rouille » « ar-ran » dont Allah dit [En fait, leur coeur se sont « rouillés » à cause de ce qu’ils ont accumulé (comme fautes)] »


C’est pourquoi il importe de consulter un temps soit peu nos sources, afin de vérifier si nos résultats annuels permettent de nous couvrir d’éloges ou de nous blâmer. Prend alors le temps de lire ces quelques lignes, de manière à analyser en l’espace de quelques minutes seulement, tes journées, tes occasions gâchés, ton manque de sérieux ou puisse Allah te le permettre, tes réussites. Pour le moment, l’heure (ou la demi-heure) est à l’examen de conscience. Puisse Allah nous donner le courage de reconnaître nos manquements.


BILAN DE FOI


Les douze derniers mois, nous avons cru en beaucoup de choses. Notre coeur et nos peaux ont frémi d’émotion. Et si le sport, la musique, le cinéma ou d’autres dimensions de la vie terrestre ont pu devancer la religion d’Allah dans ton coeur, au point de te faire vivre de grandes sensations, là où tu faisais preuve d’insensibilité dans les pratiques d’adoration, sache que l’état de ton coeur ravi l’ennemi de Dieu…


Les croyants intelligents devraient aspirer à être meilleurs au fil des ans. Nous avions douze mois, pour avoir un niveau de foi supérieur à celui du 1er de Muharrham 1431. Et aujourd’hui, un an après, les bilans de foi peuvent être conclus. Pourtant, les résultats nous montrent que les seuls chantiers dans lesquels nous excellons de plus en plus, sont la consommation, la mode et les polémiques intra ou extracommunautaires. Fais-tu parti de ceux qui ont marqué des points dans ces rubriques et qui ont failli dans ce qu’Allah attendait de leur part ?


C’est pourquoi la première des questions que chaque musulman devrait se poser en entrant dans cette nouvelle année 1432 de l’Hégire, est de savoir si sa foi est supérieure à celle de l’année passée…


BILAN COLERE ET AMOUR DIVINS


La colère et l’amour sont des attributs divins qui forment un genre d’obsession dans le coeur des pieux. La première engendre une crainte liée aux péchés et aux manquements en matière de religion. Es-tu alors de ceux qui commencent cette année, alors que certains de tes péchés restent orphelins de repentir, ou alors que tu sais pertinemment que certains de tes actes engendrent la malédiction d’Allah ? Chacun de nous sait avec détail, à quel point il a été injuste envers Allah au cours des douze derniers mois. Certains ont commis des péchés graves, d’autres moins graves, mais le plus grave au final, reste d’espérer en la miséricorde de Dieu, naïvement, sans que la réforme et le repentir ne viennent concrétiser les bonnes intentions.


Considère que chaque nouvelle année, certains musulmans cheminent avec naïveté et candeur, alors que la colère d’Allah plane sur leurs têtes. Et parmi eux, la grande majorité ne le sait pas, parce que tout simplement, elle s’est tenue à l’écart des rappels…Si chacun d’entre nous ouvrait par exemple un ouvrage mettant en évidence les grands péchés, leurs valeurs et leurs effets ici-bas et dans l’au-delà, beaucoup de musulmans culpabiliseraient et reconsidéreraient l’estime qu’ils ont de leur propre personne. Mais il est sûr qu’en nourrissant le coeur de plaisirs terrestres, et en refoulant les rappels et les mises en garde divines, il s’éternisera dans la négligence, jusqu’à ce qu’Allah l’abandonne, en compagnie de Sa colère. Qu’Allah nous en préserve !


Le deuxième sentiment qui capte l’attention régulière des pieux, est l’amour d’Allah. Es-tu de ceux qui commencent cette année en se demandant si Allah les aime ? C’est bien là le genre d’interrogation qui provoque une abondance de bienfaits. Les plus initiés parmi les croyants connaissent les nombreux chemins qui suscitent l’agrément et l’amour divins. C’est alors qu’ils se demandent si ils ont honoré leur engagement, et notamment le pacte qui les lient à Allah, à savoir son adoration exclusive. Pose-toi alors la question de savoir si tu as associé à Allah dans ton adoration ? Es-tu tombé dans l’associationnisme mineur (l’ostentation) ? As-tu honoré les obligations qu’Allah t’a imposées ? As-tu également habitué ton âme aux oeuvres surérogatoires que Dieu aime ? (pour plus d’informations sur ce thème de l’amour divin, voir l’ouvrage « Es-tu aimé par Allah ? » d’Ibn Qayyim Al Jawziyya)


En ce mois de Muharram 1432, es-tu de ceux qui profitent de l’agrément du Très-Haut, ou fais-tu parti des créatures couvertes d’opprobre ?


BILAN PRIERE


Le premier dossier sérieux sur lequel chaque croyant doit réaliser un bilan est la prière. L’annonce prophétique se passe en réalité de commentaires :


« La première chose sur quoi se fera juger l'homme le Jour de la Résurrection parmi ses actions est la prière. Notre Seigneur dira aux anges alors qu'Il est tout à fait au courant : « Regardez la prière de Mon serviteur l'a t-il bien réalisé ou y a t-il des manquements ? » Si il l'a bien faite, elle lui sera comptée entièrement. Si il y a des manquements, Il dira : « Regardez si Mon serviteur a des prières surérogatoires ». Si celui-ci a à son actif des prières surérogatoires, Il dira : « Complétez pour Mon serviteur les obligatoires par les surérogatoires » Authentique par Abou Daoud.


La prière étant comme le disait le messager de Dieu (prière et salut sur lui) une lumière et le pilier de la religion, il est plus que fondamental de vérifier si tes offices ont été célébrées à l’heure, avec un minimum de concentration, etc.


A d’autres égards, on peut se demander pourquoi donc s’étonner des catastrophes et des problèmes qui nous tombent sur la tête, tout au long de l’année, alors que notre Seigneur nous interpelle :


Malheur donc, à ceux qui prient, tout en négligeant (et retardant) leur Salat. Sourate l’ustentile, versets 4 et 5 ?


Et lorsqu’Il (exalté soit-il) nous demande dans la sourate Al Baqara en ces termes « Soyez persévérants pour les cinq prières, particulièrement pour la prière médiane, et levez-vous pour Allah, pleins de crainte », éprouves-tu un sentiment d’accomplissement, d’atteinte des objectifs, ou au contraire, une sensation d’insuffisance, de honte et de regret ?


Dans le dernier verset, Allah (exalté soit-il) souligne l’importance de la salat d’Al ‘Asr (« la prière médiane est la prière de l’après-midi » Authentique par At-thirmidi et d’autres). La plupart des sources authentiques nous montrent à quel point cette prière est importante au regard d’Allah. Au point même que notre bien-aimé (prière et salut sur lui) nous mettait en garde quant à son délaissement « est nulle l’oeuvre de celui qui abandonne la prière d’asr » [Authentique par Al Bokhari]. A propos de ce hadith, Ibnul Qayyim (qu’Allah lui fasse miséricorde) écrit dans son ouvrage intitulé as-salat : « ce hadith semble indiquer qu’il y a deux manières d’abandonner la prière : un abandon total et définitif qui annule toute l’oeuvre (pieuse) de l’intéressé, et un abandon limité concernant un jour déterminé qui n’annule que l’oeuvre accomplie ce jour-là. Aussi, la nullité générale résulte de l’abandon générale et la nullité partielle résulte de l’abandon limité ». Mais en réalité, la question n’est pas réellement de savoir si nos oeuvres de la journée sont validées. Le plus important réside dans le fait de ne pas se mettre dans une situation critique, dans laquelle Allah (exalté soit-il) nous demandera des comptes quant à notre négligence. C’est d’ailleurs ce qui ressort du hadith authentique rapporté par Mouslim, dans lequel le messager de Dieu (prière et salut sur lui) dit :


« Celui qui accomplit la prière de l'aube est sous la protection d'Allah. Veillez à ce qu'Allah n'engage pas des poursuites contre vous au sujet de ce pacte, car s'Il le faisait, vous ne Lui échapperiez pas, et vous seriez culbutés dans le feu de la Géhenne »


1431 est déjà derrière toi et un nouveau cycle s’entame et se déclenche devant tes yeux. Les défaillances et le caractère médiocre de certaines de tes prières réalisées l’an passé, peuvent comme tu as pu le voir dans le dernier hadith rapporté par Abou Daoud, être rectifiées et réajustées par d’autres prières surérogatoires. Aussi, le plus important désormais, est de te tourner vers l’avenir en faisant de tes prières, tes plus importantes actions, des devises par lesquelles tu t’élèves auprès d’Allah et qui te rapprocheront de Lui, à l’image du prophète (prière et salut sur lui).


BILAN LANGUE ET DISCOURS


Le dégât des mots est un sujet qui fâche. Et la meilleure manière de commencer un diagnostic sur notre patrimoine oral, consiste à nous rappeler la parole du Très-Haut, lorsqu’Il dit :


L'homme ne prononce pas une parole sans avoir auprès de lui un observateur prêt à l'inscrire Sourate Qaf, verset 18.


Etonnant en effet, de voir à quel point aucune de tes paroles prononcées cette année, n’a outrepassé la vigilence des anges scribes…Plus étonnant encore, cette tradition prophétique, dans laquelle le messager de Dieu (prière et salut sur lui) dit :
« Certes, le serviteur peut prononcer un mot sans y prendre garde, mot qui (pourtant) lui vaudra le Contentement d'Allah et grâce auquel Il l'élèvera de plusieurs degrés ; mais le serviteur peut aussi laisser échapper une parole sans y prendre garde, parole qui provoquera la Colère divine et lui vaudra d'être précipité en Enfer » Authentique par Al Bokhari.


Notre génération a cela de particulier qu’elle s’engouffre dans des polémiques stériles, qui provoquent notamment, des fractures au sein de la communauté. Très souvent et après chaque débat ou clash, il est rare de voir les uns adhérer aux postures des autres. Au final, on laisse derrière soi des dégâts considérables et des relations difficiles à reconstruire. L’imam Ahmad disait à ce propos : « Il est rare que tu énerves une personne et qu’elle suive ensuite, ce que tu dis ». A toi donc de faire le bilan de tes discussions et de tes polémiques, et notamment la manière dont tu appelais au bien. Prenais-tu exemple sur le modèle du prophète par excellence (prière et salut sur lui) ? Ou ne cherchais-tu finalement, qu’à assouvenir ton besoin de défoulement et à libérer ce que tu avais dans le coeur ? Au final et en ce qui te concerne, le bilan langue et discours donnera lieu à une multitude de voies de bienfaits, de valeur ajoutées, d’arguments en ta faveur ; ou à l’inverse, tu n’y verras qu’un amas de « mines antipersonnel », de poisons, d’injustices, de causes de remords et de châtiments dans l’au-delà. Qu’Allah nous en préserve !


C’est pourquoi dans le hadith authentique rapporté par Al Bokhari et Mouslim, le messager de Dieu (prière et salut sur lui) disait : « Celui qui croit en Dieu et au jour du jugement, qu'il dise du bien ou qu'il garde le silence ». Et si le prophète (prière et salut sur lui) a évoqué ici le jour du jugement, c’est aussi parce qu’en cette occasion, beaucoup de personnes regretteront ce que leurs langues ont semé au fil des années…
Ainsi, comme le disait le proverbe « si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi »


BILAN MOURAQABA


Al Murhaqaba est l’un trait de caractère auquel s’attachent les créatures pieuses. Elle signifie l’aptitude à faire preuve de vigilence et le fait de constamment ressentir le regard de Dieu sur soi, provoquant ainsi, une crainte qui protège des transgressions, et une force qui pousse au bien. Elle engendre une obsession pour le divin et fait d’Allah, le centre de nos attentions. Aussi, Al murhaqaba ne se parachève en réalité, que lorsque l’individu s’attache à l’istirfar (demande de pardon). Si l’un des bienfaits de cet état d’esprit consciencieux, permet d’éloigner le croyant des péchés, la connaissance des attributs divins, notamment dans Sa capacité à châtier les créatures désobéissantes, doit également donner lieu aux demandes de pardon.


Si les années passent, les unes après les autres, sans que cette sensation du regard de Dieu sur soi ne s’accroît, considère que l’individu recul au lieu d’avancer. Car en effet, la connaissance de Dieu rend le serviteur craintif avec l’âge. Et si au contraire, tu penses être de plus en plus fier et sûr de toi en cette nouvelle année, tu es bel et bien tombé dans la ruse du diable, dont le but est de te faire reposer sur tes acquis (ou sur ce que tu crois avoir acquis). Al murhaqaba requise en Islam, devrait ainsi, t’encourager à demander pardon à Allah pour les inquantifiables écarts et injustices dont tu t’es rendu coupable, et profiter ainsi de cette miséricorde divine et des occasions qu’Il t’a données pour revenir vers Lui, comme en témoigne le hadith authentique, ci-dessous :


« Le scribe de gauche garde la plume levée pendant six heures au sujet du serviteur musulman qui commet un péché, si ce dernier le regrette et sollicite le pardon d’Allah, le scribe le laisse. Sinon, il ne note qu'un seul péché » Authentique par At-tabarani et Al Bayhaqi.


BILAN DES 4 CAPITAUX


Parmi les bijoux de la Sunna, nous extrayons d’Al Jami’ d’At-thirmidi, un hadith authentique, dans lequel le prophète (prière et salut sur lui) rappelle à l’individu, quatre éléments qui ont corrompu beaucoup d’hommes, et qui ont également permis à d’autres de se rapprocher d’Allah et de bénéficier de Son agrément et de Sa considération :


« Le fils d’Adam ne quittera son Seigneur au jour de la Résurrection jusqu’à ce qu’il soit interrogé sur cinq choses : sur sa vie à quoi l’a-t-il consacrée ? Sur sa jeunesse, dans quoi l’a-t-il passée ? Sa fortune d’où l’a-t-il acquise et dans quoi l’a-t-il dépensée ? Et ce qu’il a fait de ce qu’il connaissait. »


Le souvenir de ce hadith est loin de se limiter à la fin ou au début de l’année. Ceci dit, il s’y trouve des éléments de réflexion qui peuvent encourager l’individu à reconsidérer son comportement et sa manière d’agir au quotidien.


Lorsque cette annonce prophétique est mise au centre de ta réflexion et de ton cheminement spirituel, elle te permet de te niveler et de savoir si ces quatre dimensions sont maîtrisées. Elle permet également de connaître le rôle que tu as joué au coeur de celles-ci. Souviens-toi malgré tout, du fait que si tu ne connaîs que peu de choses à propos des affres du jour du jugement dernier, tu négligeras automatiquement ce questionnaire pourtant si dangereux et lourd de conséquences.


La première question est la plus importante. Elle s’intéresse implicitement à la manière dont tu as respecté le principe d’adoration, ce pour quoi tu as été créé. Dans certaines sociétés, le début de l’année est l’occasion de faire le bilan sur les réussites ou les échecs professionnels. Cela permet notamment de veiller à la pereinnité et à la santé de l'entreprise. De même, ton identité musulmane t’impose un bilan et notamment en ce qui concerne le but réel de ta vie : l’adoration d’Allah. Tu seras alors interrogé sur ta gestion du Coran, la manière dont tu as accueilli le message du prophète (prière et salut sur lui), etc. Qui as-tu suivi ? Qu’as-tu choisi comme mode de vie ? Quels choix as-tu fait ? Quelles étaient tes oeuvres et tes intentions ? Rien ne sera laissé sur le côté.


Beaucoup de gens croient que la deuxième question ne concerne que les jeunes. Pourtant, lorsque tu y réfléchis davantage, le rappel des péchés commis lors de la jeunesse permet à l’individu, aujourd’hui adulte et âgé, de se remettre en cause et de craindre le châtiment de Dieu. Cela lui permet de se dire aussi que pendant qu’il est encore en vie, il se doit d’agir en bien pour "rattraper" le temps perdu. Que veut dire rattraper le temps perdu pour celui qui n'est plus jeune ? Cela implique tout simplement le repentir. Car effectivement et tel que le disait jadis le messager d'Allah (prière et salut sur lui) :



"Allah tend la main dans la nuit afin de pardonner à celui qui a commis des péchés le jour et Il tend la main la journée afin de pardonner à celui qui a commis des péchés la nuit, jusqu'à ce que le soleil se lève de l'Ouest."



En réalité, ce n’est pas seulement la jeunesse qui se cache derrière cette question, mais l'on fait également référence à la notion du temps. Pour les jeunes, qui sont les premiers concernés par cette question, c’est le moment ou jamais d’utiliser les moyens que Dieu leur a mis à disposition (la mémoire, la force, la disponibilité, la tonicité, la santé, le dynamisme, la science, etc) pour répondre au mieux à la première question qui concerne de manière générale, l’adoration.


La troisième question est fondamentale elle-aussi. Dans un contexte où la course aux richesses distrait les individus, monopolise parfois leur temps et prend de plus en plus de place dans leurs coeurs, il s’agit de savoir quel est ton rôle dans cette circulation monétaire et de savoir par quels biais et quels phénomènes, ton patrimoine s’est construit. Est-ce d’une manière licite ou illicite ? Un véritable croyant qui se souvient de cette question et qui se rappellera d’avoir acquis un euro, un dollar ou un dirham de manière douteuse, va tout faire pour se « racheter » et éviter de susciter la colère d’Allah et Ses sanctions ici-bas et dans l’au-delà.


La quatrième question est aussi rattachée aux biens et à ton argent. Là aussi, il s’agit de vérifier si tu as investi tes biens dans ce qui est autorisé, dans ce qui est encouragé, dans ce qui est blâmable ou dans ce qui est illicite. Tu es toujours maître de ce que tu possèdes. Le serviteur consciencieux prendra alors ses relevés de compte et les éplucheras à l’aune du Coran et de la Sunna, et il vérifiera si ses mouvements financiers ont franchi les limites de Celui qui l’a enrichi…Ce début d’année est également l’occasion de verser la Zakat, pilier de l’islam que de nombreux musulmans délaissent malheureusement. Profitons-en pour rappeler ce hadith authentique rapporté par Al Bokhari, dans lequel le messager de Dieu (prière et salut sur lui) annonce que « […] celui qui possède une fortune et qui ne s’acquitte pas de sa Zakat, verra le jour du jugement sa fortune se transformer en un énorme serpent dont la tête a blanchi par la virulence de son venin… »


La cinquième et dernière question est là-aussi, relativement liée au patrimoine. Et il est plus particulièrement question du patrimoine scientifique. Allah (exalté soit-il) t’a doté d’un niveau de science, d’une raison, d’une mémoire et d’opportunités durant ta journée pour pouvoir mettre la théorie en pratique. Ce « thermomètre » te permet de savoir si tu as partagé ce savoir, si tu as tout fait pour le mettre en oeuvre, si tu as cherché à le développer, à le vérifier, à l’encadrer, à le transmettre. C’est sur la notion d’effort autour du savoir que l’on insistera, lorsque l’on te posera cette question.


Ainsi, le souvenir de ce hadith, te permet de te situer par rapport à la dimension adorative, à la gestion du temps, à celle de ton patrimoine et de ta science. Il constitue un thermomètre privilégié car dans une journée tu vis, dans une journée tu gères ton temps, de la monnaie, des biens, et tu agis en fonction de ce que tu as comme connaissances. Les pieux prédécesseurs étaient incontestablement ceux qui s’attachaient le plus à respecter ces quatre aspects de la vie, et leur récompense pour cette rigueur, leur a valu la guérison de leur âme, et louange à Allah pour cela.


BILAN GRATITUDE



En cette nouvelle année, un petit retour en arrière s’impose, et notamment en ce qui concerne les innombrables bienfaits qu’Allah t’a accordés (la foi en Lui, la guidée, la santé, la satiété, l’intégrité physique, la paix, la science et la force, etc). Le souvenir méticuleux de ces faveurs divines dont Il aurait très bien pu te priver, devrait t’encourager à faire preuve de reconnaissance envers Lui.


Dans cette petite chambre du bilan gratitude, prend comme guides ces quelques versets, qui je l’espère, te renverront à de proches souvenirs.


Et lorsque votre Seigneur proclama : "Si vous êtes reconnaissants, très certainement J'augmenterai [Mes bienfaits] pour vous. Mais si vous êtes ingrats, Mon châtiment sera terrible". [Sourate Ibrahim, verset 7]


Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu'envers tes parents. Vers Moi est la destination. [Sourate Luqman, verset 14]


L’imam Abu Hamid Al Ghazali (qu’Allah lui fasse miséricorde) disait que la gratitude nécessitait trois éléments : une connaissance, un état et des oeuvres. La connaissance concerne les nombreux bienfaits qu’Allah nous a attribués. Cette connaissance provoque alors un état de bonheur intérieur chez le croyant, qui va l’encourager à oeuvrer dans le bien, à titre de reconnaissance, et s’écarter par la même occasion, du péché, puisque le fait de s’y adonner consciemment, relève de l’ingratitude. Al Ghazali dit également que l’individu peut faire preuve de reconnaissance à travers le coeur, en éprouvant un amour pour Allah et une grande considération pour Lui et les faveurs qu’Il nous a accordées. Cette gratitude se concrétise également par la langue, à travers l’attachement au Tahmid (le fait de louer Allah) ou à d’autres formules de glorification. Et enfin, une forme de reconnaissance liée aux membres du corps qui vont utiliser ces mêmes bienfaits, pour répandre le bien sur terre et s’écarter du péché. On imagine donc que le croyant le plus pieux de l’année, est celui qui a réuni ces trois formes de reconnaissance, n’est-ce pas ?


La plupart des bienfaits et des catastrophes qui se dirigent vers l’homme tout au long de l’année, provient essentiellement de sa capacité à faire preuve de gratitude ou d’ingratitude. Raison pour laquelle, il est plus que nécessaire de s’arrêter sur cette question, afin de mesurer son aptitude à faire preuve de reconnaissance envers Allah.


Et toi, de ton côté, qu’en est-il de ton comportement au cours de cette dernière année ? As-tu vécu cette gratitude du coeur, celle de la langue et celle des membres ? Ou as-tu failli dans ces trois examens ?


BILAN FAILLITE



Mouslim rapporte dans son Sahih, un excellent rappel concernant les injustices en tout genre. Le hadith se passe de commentaires et peut te renvoyer à tes éventuelles injustices commises au cours de la dernière année.


Dans ce hadith, le prophète (prière et salut sur lui) demandait aux compagnons (qu’Allah les agréés) : « Sauriez vous me dire quel est celui que l'on qualifie d’Al Mufliss (indigent, personne en faillite) ? » Ils lui répondirent : « Est indigent celui d'entre nous qui ne possède ni bien, ni argent ». Le Prophète (prière et salut sur lui) leur dit : « Dans ma communauté, l'indigent est celui qui, le jour du jugement, aura à son actif des jeûnes, des prières, des aumônes et qui aura par ailleurs, calomnié untel, volé l'argent d'un autre, versé le sang de celui-ci et frappé celui-là, si bien qu'on lui prendra ses bonnes actions pour les distribuer à ses victimes. Quand il n'aura plus d'oeuvres pieuses à son actif, et avant même qu'il ne purge sa peine, on le chargera des péchés de ses victimes avant de le jeter au feu »


BILAN RAMADHAN 1431



Dieu Seul sait si nous assisterons au prochain mois béni de Ramadhan. Ceci dit, il est plus qu’important de préparer cet événement à l’image des vertueux, qui passaient la moitié de l’année à demander à Allah de leur accepter leur dernier mois de jeûne, et à passer l’autre moitié à demander à Allah de les compter parmi les prochains jeûneurs…


L’occasion étant unique en son genre, certains éprouvent une nostalgie et des regrets, pour ne pas avoir su mettre à profit tous leurs efforts dans ce mois béni. D’autres, lorsqu’ils en entendent parler, cherchent uniquement à savoir si le prochain, tombera durant une période de chaleur, et s’arrêtent à des détails insignifiants, à l’image de leurs sacrifices en cette occasion…Quelle relation as-tu avec le dernier mois de Ramadan ? Considères-tu que tes efforts ont été suffisants, ou réfléchis-tu à un programme, des thèmes d’invocations et des chemins de rapprochement avec Allah, pour ces quatre semaines incomparables ?


Le bilan du mois de Ramadhan 1431 devrait faire apparaître deux rubriques : les points positifs et les points négatifs. Les premiers devant naturellement être reconduits pour le prochain mois de jeûne, alors que les seconds, doivent faire l’objet d’une analyse, afin de comprendre pour quelles raisons, certains éléments t’ont freiné. De cette manière, le mois de Ramadan 1432, sera si Dieu le veut, meilleur que celui de l’année dernière, et ainsi de suite…


Chaque année, certains frères et soeurs attendent avec impatience une échéance : pour les uns, il s’agit de la prochaine coupe du monde, de la prochaine coupe d’Afrique, du prochain film, du prochain spectacle, des prochaines vacances, du prochain jeu vidéo, etc. Pour d’autres, on ne ressent de véritable enthousiasme, que pour les événements qui façonnent l’au-delà. Le mois de Ramadhan étant l’une des occasions annuelles qui influence le plus le jugement dernier, c’est la raison pour laquelle les plus intelligents de cette communauté, ont ressenti autant de ferveur et de passion à son endroit. Les profils de jeûneurs sont différents comme à chaque année. A toi donc de choisir la catégorie qui t’intéresse !



BILAN PUDEUR



L’année 1431 ne sera réussie, que lorsque tu auras passé l’épreuve de la pudeur. Celle-ci alterne entre la pudeur dans les propos, sur le plan vestimentaire, et la pudeur au niveau comportemental. Chacun de nous a une estime de lui-même. Et la réalité qui nous concerne est soit proche de l’attitude des compagnons et des compagnonnes (qu’Allah les agréés), soit proche de celle de nos congénères, dont le discours, les allures et les conduites, relèvent de plus en plus de l’outrance.
A ce titre, rappelons ce hadith édifiant, rapporté par Al Hakim, dans lequel le prophète (prière et salut sur lui) dit que : « la pudeur est liée à la foi, si l’un disparaît, l’autre disparaît aussi ».


Le discours souillé par les insultes et la grossièreté, la tonalité extravagante, l’attitude indécente, et l’ensemble des tenues et modèles que Dieu et Son messager (prière et salut sur lui) ont condamnés, doivent donc être délaissés de ta part, si vraiment, tu désires vivre à l’abri de la colère divine…



Par ailleurs, il convient de citer un hadith authentique rapporté par At-thirmidi dans son Jami’, dans lequel le prophète (prière et salut sur lui) décrit les personnages pour lesquels il a le plus d’estime, et également, ceux qu’il déteste le plus :



« Ceux d'entre vous que j'aime le plus et qui seront assis le plus près de moi le jour de la résurrection, sont ceux d'entre vous qui jouissent de la meilleure moralité et qui sont les plus affables. Ceux d'entre vous que je déteste le plus et qui seront assis le plus loin de moi le jour de la résurrection sont les bavards, les hâbleurs et les grandiloquents». Ceux qui étaient présents dirent : «Nous savons qui sont les bavards et les hâbleurs, mais que veut dire «grandiloquents» ? Il dit : « Les orgueilleux et les fanfarons »



La pudeur a été limitée à l’aspect physique au sein de notre communauté. Or, et même si effectivement la tenue vestimentaire a son importance, une grande part du discours, de l’attitude en général, font partie intégrante de la pudeur en Islam. Elle constitue un tout, dont la branche la plus noble se trouve dans l’attitude que l’on peut éprouver à l’endroit d’Allah. A ce propos, le messager de Dieu (prière et salut sur lui) disait :


« Eprouvez de la pudeur vis-à-vis d’Allah comme il se doit. Que celui qui éprouve de la pudeur vis-à-vis d’Allah comme il se doit, préserve sa tête de ce qu’elle contient, son ventre de ce qu’il renferme, qu’il se souvienne de la mort et de l’épreuve, et que celui qui désire l’au-delà, délaisse la parure de ce bas-monde. Celui qui fait cela, aura éprouvé de la pudeur vis-à-vis d’Allah comme il se doit » Authentique par At-thirmidi et Ahmad.


BILAN COMMUNAUTE


Là où les médias condamnent le communautarisme (expression qui cache en réalité, la volonté de dissoudre les spécificités religieuses et culturelles, afin d’unifier l’humanité autour d’un projet uniquement terrestre), il est important de rappeler aux croyants la valeur sacrée des liens fraternels qui nous unissent. L’attachement à l’idée d’une communauté musulmane et aux valeurs qu’elle promeut, est comme tu l’as certainement compris, loin d’être une invitation au rejet de la société occidentale. Le fait est que le musulman filtre certains aspects de la société dans laquelle il vit (orient ou occident), de la même manière que le végétarien filtre ses aliments. Mais passons…Le plus important pour toi dans ce bilan communauté, est de voir si au cours de cette dernière année, tu as davantage cherché à renforcer les liens avec ta communauté de Facebook par exemple, les supporteurs de ton club de football préféré, ceux de ton équipe nationale favorite, etc, ou si tu as cherché à réconcilier tes frères et soeurs, voir même te réconcilier avec toi-même…Quel rôle as-tu joué dans la communauté musulmane au cours des douze derniers mois ? Qu’as-tu ressenti lorsqu’on te faisait part des souffrances endurées par tes frères et soeurs dans le monde ?


N’est-ce pas le prophète (prière et salut sur lui) qui disait :


« L’exemple du croyant par rapport aux gens de la foi est comme la tête par rapport au reste du corps. Car le croyant ressent la douleur des gens de la foi (les musulmans), comme le corps ressent la douleur que la tête subit »


Utopie ou chemin accessible ? Le fait est que chacun choisi ses groupes et ses fréquentations. Ce qui revient finalement à incorporer à ce bilan communauté, un bilan fréquentations.


Nous conclurons Incha Allah ce bilan 1431, par ce hadith éloquent, rapporté par Al Bokhari et Mouslim :


« Le cas du bon compagnon et du mauvais compagnon ressemble à celui du vendeur de musc et du forgeron. Quant au vendeur de musc, soit il vous donne quelque chose du musc, soit vous le lui achetez, ou au moins vous partez ayant emporté avec vous, sa bonne odeur. Tandis que le forgeron, il brûlera vos vêtements, ou au moins vous partirez ayant emporté avec vous, son odeur répugnante »


En cette nouvelle année, puisse Allah nous accorder la réussite dans la foi, nous protéger de Sa colère et nous faire bénéficier de Son amour. Puisse-t-Il nous recenser parmi les gens attachés à la prière et faire d’elle une cause de réussite ici-bas et dans l’au-delà. Puisse Allah éduquer nos langues afin qu’elles ne délivrent que de bonnes paroles. Puisse-t-Il accroître notre attention et notre concentration vis-à-vis de Ses prescriptions. Puisse-t-Il nous donner la force de nous préparer aux cinq questions fatidiques. Puisse-t-Il faire de nous des gens plus reconnaissants que l’an dernier, et nous protéger de la faillite et de l’injustice envers les gens. Puisse Allah accepter de nous, notre dernier mois de jeûne, et nous permette d’accéder au prochain Ramadhan. Puisse-t-Il éduquer nos âmes, afin qu’elles rejoignent l’attitude des prophètes, et faire de nous les meilleurs de notre génération. Et notre dernière invocation est Alhamdolillahi rhabil ‘alamine (et louange à Allah, Le Seigneur des Mondes).



http://www.sous-missions.com/articles/zooms/bilan-personnel-1431/

Salam

Bon sujet.