Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a "déconseillé" samedi aux familles avec enfants de participer dimanche à la manifestation organisée à Paris contre le mariage homosexuel, en raison des risques de débordements.
Pour le collectif "la Manif pour tous", qui organise trois des quatre cortèges de manifestants prévus dimanche, il s'agit là de "propos alarmistes" destinés à "démobiliser, à la veille d'une manifestation de masse".
"Nous craignons pour aujourd'hui même déjà des actions, des initiatives, de groupes d'extrême droite selon les informations que nous avons, c'est vrai aussi pour demain", a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur, en marge de la fête du bouddhisme au bois de Vincennes, près de Paris.
"La vérité m'oblige à dire mon inquiétude face à ces menaces physiques, verbales, des menaces de mort qui ont concerné plusieurs personnalités, et je déconseille effectivement aux familles avec des enfants de se rendre à cette manifestation", a poursuivi Manuel Valls.
Cette manifestation, a-t-il relevé, est organisée alors que la loi sur le mariage homosexuel a été adoptée par le Parlement, ratifiée par le Conseil constitutionnel" et que "tout le monde sait que l'opposition d'aujourd'hui ne reviendra pas sur ce texte".
Par conséquent, "le sens" de cette manifestation "n'est pas clair", a-t-il estimé, "avertissant" encore une fois les groupes extrémistes qui seraient tentés de causer des débordements: "Demain il y aura une réponse policière et judiciaire pour faire respecter les lois de la République", a-t-il assuré.
Selon la préfecture de police, quelque 4.500 policiers et gendarmes seront déployés pour encadrer les trois cortèges organisés par "la Manif pour tous" et distinct d'eux celui de l'institut Civitas, proche des catholiques intégristes.
Ces moyens, "considérables" selon Manuel Valls, seront engagés "pour que les choses se passent le mieux possible (...), pour assurer un droit constitutionnel qui est celui de manifester".
"Je conseille (...) à tous ceux qui voulaient se rendre à cette manifestation de réfléchir, d'être prudents, parce que nous sommes inquiets sur les menaces et la présence" de groupes d'extrême droite, avait déjà déclaré samedi matin le ministre de l'Intérieur.
"Il a peur que l'on mette des centaines de milliers de personnes dans la rue de nouveau, car cela gênerait le gouvernement", a répliqué Albéric Dumont, coordinateur et responsable de l'organisation de la Manif pour tous.
"Les quelques violences qui ont eu lieu sont toujours intervenues en marge de nos manifestations. Et jusqu'ici, il n'y a jamais eu aucune vitrine cassée, aucune voiture brûlée", a-t-il rappelé.
Se disant menacée, Frigide Barjot elle-même, figure de proue de "la Manif pour tous", avait annoncé vendredi qu'"en l'état actuel des choses", elle ne manifesterait pas, disant redouter que "certains veuillent profiter de l'ambiance de contestation sociale pour faire déraper le mouvement".
Elle a confirmé samedi à l'AFP qu'elle ne serait "ni dans le cortège ni sur le podium".
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, visant clairement Jean-François Copé, a quant à lui reproché aux responsables UMP qui appellent à manifester de prendre "une lourde responsabilité en provoquant la crispation et la radicalisation".
"J'appelle Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls à reprendre leurs esprits", a rétorqué dans un communiqué le président de l'UMP, dénonçant des "tentatives inacceptables de pression et d'intimidation" et estimant que "cette façon de jouer sur les peurs n'(était) pas admissible".