La demeure spirituelle de la tristesse

Sujet: La demeure spirituelle de la tristesse 2013-06-18, 03:18

Parmi les demeures spirituelles de :

"C’est Toi [Seul] que nous adorons, et c’est Toi [Seul] dont nous implorons secours." (Al Fatiha-5)

إِيَّاكَ نَعۡبُدُ وَإِيَّاكَ نَسۡتَعِينُ

il y a celle de la tristesse (al huzn)

Ce n'est pas une demeure recherchée ou exigée mais l'aspirant ne peut y échapper.

La tristesse est mentionnée dans le Coran que sous une forme négative comme dans les versets suivants :

"Ne vous laissez pas battre, ne vous affligez pas alors que vous êtes les supérieurs, si vous êtes de vrais croyants." (Al Imrane 139)

وَلَا تَهِنُواْ وَلَا تَحۡزَنُواْ وَأَنتُمُ ٱلۡأَعۡلَوۡنَ إِن كُنتُم مُّؤۡمِنِينَ

Ne t’afflige pas pour eux. (An Nahl 127)
وَلَا تَحۡزَنۡ عَلَيۡهِمۡ

«Ne t’afflige pas, car Allah est avec nous.» (At Tawbah 40)
لَا تَحۡزَنۡ إِنَّ ٱللَّهَ مَعَنَا‌ۖ

Toutes les fois que Je vous enverrai un guide(1), ceux qui [le] suivront n’auront rien à craindre et ne seront point affligés» (Al Baquara 38)

فَإِمَّا يَأۡتِيَنَّكُم مِّنِّى هُدً۬ى فَمَن تَبِعَ هُدَاىَ فَلَا خَوۡفٌ عَلَيۡہِمۡ وَلَا هُمۡ يَحۡزَنُونَ

La raison de cela c'est que la tristesse est une attitude qui ne fait pas avancer et où le coeur n'a aucun intérêt.

D'ailleurs la chose la plus agréable à Satan consiste à affliger le serviteur pour l'arrêter dans son cheminement.

Allah soubhanou wa Ta'ala dit :

La conversation secrète n’est que [l’œuvre] du Diable pour attrister ceux qui ont cru. (Al Mujadila 10)

إِنَّمَا ٱلنَّجۡوَىٰ مِنَ ٱلشَّيۡطَـٰنِ لِيَحۡزُنَ ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ

Donc la tristesse n'est pas recherchée. Elle n'est pas visée et elle ne comporte aucun intérêt.

D'ailleurs le Prophete a demandé refuge contre l'affliction en disant dans son invocation :

"Mon Dieu ! Je cherche refuge auprès de Toi contre les soucis et l'affliction"

Mais le fait de descendre dans la demeure de la tristesse répond à une nécessité qu'exige la réalité. C'est pourquoi une fois entrés au Paradis, ses habitant diront :

Et ils diront:

«Louange à Allah qui a écarté de nous l’affliction. Notre Seigneur est certes Pardonneur et Reconnaissant. (Al Fatir 34)

وَقَالُواْ ٱلۡحَمۡدُ لِلَّهِ ٱلَّذِىٓ أَذۡهَبَ عَنَّا ٱلۡحَزَنَۖ إِنَّ رَبَّنَا لَغَفُورٌ۬ شَكُورٌ

Ceci prouve qu'ils étaient éprouvés entre autres par la tristesse dans le bas monde et qu'ils la subissaient sans la moindre volonté de leur part.

L'auteur des Manazil dit :

"La Tristesse est une souffrance pour ce qui a été manqué et un regret pour ce qui n'a pas été fait"

Il veut dire que l'homme rate peut être decreté ou non decreté contre lui. S'il s'agit de quelque chose qui a été decrété contre lui il ne souffre pas pour l'avoir manqué et s'il s'agit de quelque chose qui n'a pas été decrété il regrette de ne pas l'avoir fait.

Il ajoute :

"La tristesse comporte trois degrès : la tristesses des gens du commun. C'est une tristesse pour avoir négligé le service pour s'être impliqué dans l'hostilité et pour la perte des jours de l'existence"

Négliger le service divin consiste à négliger l'action et l'oeuvre car il s'agit de la chose essentielle qu'exige la servitude. Voilà pourquoi le serviteur ne peut que s'attrister pour avoir négliger son oeuvre.

Pour ce qui est dans l'implication dans l'hostilité elle est plus spécifique que la désobéissance en général concernant l'interdit car elle peut provenir du fait que le serviteur a perdu une ancienne familiarité avec Allah azawajel. Donc lorsqu'il s'éloigne d'Allah il tombe dans l'hostilité.

Le fait de perdre les jours de l'existence comporte deux aspects : leur perte parce que ces jours étaient dépourvus des actes d'obeissance et leur perte parce qu'ils sont dépourvus des incitations à la foi, des saveurs spirituelles et de la familiarité avec Allah.

Deuxième degré c'est la tristesse des gens doués de volonté.

C'est une tristesse du fait de l'attachement du coeur à la dispersion du fait que l'âme s'était détournée de la contemplation et du fait de la distraction de la tristesse. L'attachement du coeur à la dispersion veut dire sa non concentration dans la présence avec Allah et la dispersion de ses pensées dans les méandres du vouloir.

Pour ce qui est du détournement de l'âme de la contemplation, il comporte deux aspects : son détournement du dikhr (qui implique et favorise la contemplation) et son détournement de la contemplation en raison de la faiblesse du dikhr ou de la faiblesse du coeur à assumer la contemplation ou pour autre raison.

Quant au fait de se distraire de la tristesse, il signifie que la présence de la tristesse dans le coeur constitue une épreuve de l'existence de la volonté et de la recherche. Donc le fait de la perdre et de s'en consoler constitue inversement une imperfection.

[...]

Madarii As Salikin
Ibn Al Qayyim Al Jawziyya