qui suis je derriere l'ecran?

Que ce soit dans une communauté virtuelle comme Habbo, dans un jeu en ligne ou encore en ayant son propre blog, Internet nous donne toujours une possibilité de jouer  avec notre image, avec notre «identité», de manier et de trier l’information que l’on a envie de partager avec les autres. Sur Internet, nous ne sommes plus Clara, Manon, Jules ou Pierre, ados et élèves – on devient « Nemo77 », « Bluegirl » ou encore « filledu94 » et un nouveau monde s’ouvre à nous !! Peut-être ces identités virtuelles, dîtes «identités numériques »,  méritent-elles que l’on s’y arrête un instant, le temps de réfléchir un peu sur l’image de soi qu’on renvoie aux autres sur la toile. Quelle est donc la particularité de ces identités virtuelles et en quoi peuvent-elles être différentes par rapport à l’image que l’on donne de soi dans la vie réelle ?

Dans le monde réel, dans la vie de tous les jours, nous communiquons avec les autres à travers notre façon de nous habiller, notre façon de parler, nos gestes ou encore à travers nos accessoires et notre coupe de cheveux... Notre apparence physique transmet pas mal d’info à notre sujet et influence ainsi le regard que les autres portent sur nous.

Dans le monde virtuel, les règles de jeu sont différentes. Tout d’abord, on n’y est pas physiquement présent. Cette particularité, à priori évidente, nous oblige à communiquer autrement. On est souvent représenté par un pseudo, voire par un avatar plus ou moins personnalisé et c'est surtout ce dernier qui nous donne d'innombrables possibilités de jouer avec l'image que l'on donne aux autres sur la toile. On lui donne un nom, on l'habille, pour qu'il nous corresponde le mieux possible.

Mais ce petit personnage, que révèle-t-il de nous en fait ? Ressemble-t-il à l'image que l'on donne de soi dans la vie réelle, est-il plutôt un reflet de ce que l'on aimerait être ? Nous donne-t-il la possibilité d'incarner quelqu'un que l'on admire, de tester les limites ou nous sert-il tout simplement de masque derrière lequel on peut se cacher, à l'abri des regards ? L'avatar, serait-il au contraire un moyen d'expression de soi plus réel, faisant office de défouloir pour  nos pulsions parfois inavouées ? 

Le monde virtuel nous offre en fait la possibilité de choisir ce que nous souhaitons partager avec les autres, nous pouvons omettre des informations qui nous concernent, voire les modifier. Or, s'il est vrai que l'identité numérique nous permet de nous présenter tel que nous voudrions être et pas toujours tel que l’on est vraiment, ne nous permettrait-elle pas d'être nous-mêmes? Sur Internet, les codes changent en effet, on se présente différemment, ce qui pour certains, facilitera les rapports aux autres. Les rencontres se font souvent selon d'autres critères. Les centres d'intérêt prennent plus d'importance que l'apparence physique, le pseudo remplace les accessoires, le style vestimentaire... Les préjugés classiques s'envolent et l’absence du corps physique nous permet parfois de nous exprimer plus facilement, plus librement. La timidité, si pénible à vivre dans le monde réel, s’estompe et facilite souvent la prise des paroles. Or, c'est toujours important de se rappeler que l'on ne peut pas toujours maitriser les confidences livrées sur Internet. Se protéger en réfléchissant sur ce que l’on choisit ou pas de révéler virtuellement sur soi-même, est donc primordial.

Si sur Internet, nous pouvons modifier, à notre guise, les informations qui nous concernent, n’oublions pas que les autres peuvent le faire également. Nous ne connaissons donc pas toujours l’identité réelle de celui qui se cache derrière l’écran, ni le degré de vérité des informations renseignées. Cela vaut bien sûr aussi pour les photos, les clips, etc. Il arrive aussi, à de rares occasions, que l'on ait envie de rencontrer dans la vraie vie des personnes connues sur Internet. On s'imagine bien que cela devient compliqué si l'on s'est fait passer pour quelqu'un d'autre dans le monde virtuel. Enfin, investir une ou plusieurs identités virtuelles différentes peut être risqué : le virtuel peut prendre le pas sur le réel. Il ne faut jamais oublier que la vie, elle, n'est pas virtuelle !