Ce qui doit être pris en considération est la coutume locale et non pas l’expérience isolée d’une personne. L’usage veut qu’une personne parcourant 70 km puis revient dans la même journée ne se prépare pas comme il se préparerait pour un voyage. En revanche, une personne qui va à Riyadh, ou à la Mecque ou à Al-Qasîm s’y prépare de façon adéquate. Ainsi il est de coutume de prendre avec soi nourriture, eau et autres récipients. Le fait que le voyage se fasse aujourd’hui en avion ne doit pas être pris en considération. Ce qui doit être pris en considération est la situation des gens du temps du Prophète Salla-llah allahi wa salam:
Ils considéraient cette distance comme étant un voyage. De nos jours, une personne peut se rendre à des endroit plus éloignés encore que Riyadh en n’ayant sur lui que l’argent dont il a besoin : Il trouvera là-bas nourriture, hôtels etc... sans avoir à apporter avec lui quoi que ce soit.
Ainsi, ce qui doit être pris en considération est ce dont nous avons parlé en premier [à savoir l’usage]. L’usage veut que lorsque les gens parcourent une distance de 70 km puis reviennent dans la même journée, ils ne préparent rien pour cela et on ne les considèrent pas comme voyageurs. Cependant, s’ils voyagent vers une région distante de 70 km et qu’ils y restent deux ou trois jours, alors ils se prépareront pour cela.
Le problème réside donc dans ce que je viens de décrire, et c’est l’avis d’un groupe de savants. D’autres savants affirment que la distance d’un voyage est définie et la coutume locale ne doit pas être prise en compte. [ Selon ces savants, ] si la distance parcourue est supérieure ou égale à 81 km, le raccourcissement des prières est alors de rigueur. Si la distance est inférieure à cette valeur alors il n’y a pas de raccourcissement à effectuer.
Cependant, il n’y a aucune preuve à ce sujet. C’est la raison pour laquelle Cheikh Al-Islâm Ibn Taymiyah a réprouvé cet avis et a affirmé qu’il fallait prendre en considération ce que l’usage considère être un voyage.
Aujourd’hui par exemple, si une personne va à Riyadh le matin et revient en milieu d’après-midi, les gens diront : il a fait un voyage. Si en revanche elle se rend à Rass près de ‘Unayzah puis revient dans la journée, les gens ne diront pas qu’il a fait un voyage.
La distance à partir de laquelle le nombre de rak’at est diminué a été délimitée par certains savants à environs 83km, et d’autres savants l’ont exprimée par ce qui est répandu dans la coutume (al 'orf) comme étant un voyage même s’il n’atteint pas 83km. Et celui pour lequel les gens disent cela n’est pas un voyage, alors ça n’est pas un voyage même s’il atteint 1000km.
Et ce dernier [avis] est la position adoptée par cheikh al Islam Ibn Taymiya et cela car Allah n’a pas désigné de distance à partir de laquelle le qasr est permis et de même le prophète Salla-llah allahi wa salam n’a pas évoqué de distance spécifique.
Et Anas Ibn Malik a dit : «Quand le prophète Salla-llah allahi wa salam faisait un voyage d’une distance de 3 mile ou farasikh il faisait le qasr de la prière et priait deux rak’at» [NDT : le mile et le farasikh sont des petites distances]. Et la parole de cheikh Al Islam Ibn Taymiya rahimahullah est la plus proche de ce qui est juste.
Et il n’y a pas de mal, en cas de divergence sur le ‘orf(coutume), que la personne choisisse l’avis de la limitation, car certains imams et les savants aptes à l’effort de réflexion l’ont prononcé. Alors il n’y a pour eux aucun.
Cheikh Ibn ‘Uthaymîn Liqâ Al-Bâb Al-Maftûh n°17 p.27
arkan al islam (n°701), cheikh Al Utheymine