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 LE TESTAMENT DE L'ANE

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AuteurMessage
Ayman
5 Grades
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Ayman


Masculin Nombre de messages : 1980
Localisation : algerie
Date d'inscription : 08/04/2006

LE TESTAMENT DE L'ANE Empty
MessageSujet: LE TESTAMENT DE L'ANE   LE TESTAMENT DE L'ANE Empty2007-09-07, 20:19

« Un prêtre possédait une très belle paroisse. Comme il en tirait de bons revenus, il ne manquait pas de richesses : son grenier était plein de blé, ses coffres remplis de linge frais et propre, sa bourse chargée de pièces sonnantes.

Le prêtre partageait son existence solitaire avec un âne qu’il affectionnait tout particulièrement. La bête était docile, volontaire, énergique à l’ouvrage. Un jour, l’animal, déjà vieux et usé mourût. Le chapelain en conçut une grande peine et ne pouvant se résigner à confier la dépouille mortelle au boucher, il choisit de l’enterrer dans le cimetière du village, au milieu de ses paroissiens.

« Après tout, se dit l’homme, cet âne a autant mérité qu’un autre d’être enseveli en terre consacrée. »

L’évêque du diocèse était tout différent de son curé : il aimait le luxe, les belles fêtes, les réceptions somptueuses. D’un naturel généreux, il donnait sans compter et laissait filer sans prendre garde l’argent entre ses doigts. Naturellement, il ne détestait rien de plus que les prêtres avares, économes de leur fortune et cherchait toujours à les prendre en défaut.

Aussi, quand il apprît que le malheureux chapelain avait enterré son âne fidèle dans le cimetière, il convoqua ce dernier, très en colère, avec à l’esprit l’idée qu’il pourrait tirer de lui une amende exemplaire.

Le prêtre, penaud, se rendît auprès de l’évêque. Celui-ci se fâcha :
"Mauvais homme, suppôt de Satan. As-tu un instant songé à ton âme ? Tu as agi en idolâtre païen, tu as scandalisé tes paroissiens. Que peux-tu répondre pour ta défense ?".

- Monseigneur, me voilà bien mal à mon aise de comparaître ainsi devant vous à cet instant. Je suis ignorant de beaucoup de choses et je ne puis sur l’instant exposer à votre sage jugement les propos de ma défense. De grâce, pouvait m’accorder un délai de quelques jours pour me préparer à la tâche difficile qui est mienne ?

L’évêque hésita un instant : tout accusé avait droit de prendre conseil avant de comparaître devant son juge, il accepta donc.

"Reviens demain, mais sois à l’heure !"

Le prêtre ne prît aucun repos de la nuit : il réfléchit et réfléchit encore. Estimant qu’il ne pourrait se tirer de cette bien vilaine affaire sans consentir un sacrifice, il décida de tromper par la ruse son évêque.

Le lendemain, il se présenta à son juge, dans le magnifique palais épiscopal du diocèse.
"Alors, dit le prélat, je t’écoute".

- J’ai péché Monseigneur, je le reconnais de bon cœur. Aussi, je vous demande de me recevoir en confession. C’est l’âme soulagée que je pourrai gagner le ciel et ses Saints.

L’évêque ne pouvait refuser la confession au pénitent qui en exprimait le vœu. Il s’éloigna à l’écart des oreilles indiscrètes, accompagné du curé.

Celui-ci lui souffla :

"Je me soumettrais à votre juste décision si vous pensez que j’ai mal agi en enterrant mon âne en cimetière chrétien. Néanmoins, cet âne n’était pas ordinaire. Il était un modèle de vertu, obéissant, docile, tenace à la tâche. Il tirait mon chariot, portait son chargement sans grogner. En échange, je lui versais salaire comme tout bon valet. Vingt ans ont passé, il a économisé une grande fortune car il ne dépensait rien. Quand il a senti que son dernier jour venait à lui, il m’a demandé par testament de vous transmettre tout son avoir, à la condition ultime de l’ensevelir en terre chrétienne. Il voulait penser au salut de son âme. Il m’a remis cette pleine bourse d’argent à votre attention".

Et le curé tira des plis de sa cape un petit sac de cuir noué, contenant grand nombre de pièces. L’évêque s’empara de la bourse, considéra son poids puis de sa main libre accomplit le signe de l’absolution.

"La miséricorde de Dieu est immense et ses desseins sont impénétrables aux simples croyants que nous sommes tous. Va en paix mon fils".

Quiconque a un peu d’argent et de malice se sort de bien des tourments, croyez moi.
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