L'Islam condamne sans appel l'usure, appelée en arabe ribâ "O vous qui croyez ! craignez Dieu ! Renoncez si vous êtres croyants, à ce qui vous reste des profits de l'usure" (S II, 278).
Il convient de distinguer entre le profit tiré d'une vente et l'intérêt prélevé sur une créance en espèce ou en nature. Si le premier est licite dans la mesure où la marge bénéficiaire est raisonnable, le second est répréhensible quel que soit le taux pratiqué en vue d'accroître le capital initial : "L'intérêt usuraire que vous versez pour accroître les biens d'autrui, ne les accroît pas auprès de Dieu". (S. XXX, 39).
Tous ceux qui recourent à cette formule financière pour grossir le volume de leurs biens sont voués au supplice de l'enfer : "Ceux qui se nourrissent de l'usure ne se dresseront, au jour du jugement, que comme se dresse celui que le démon a violemment frappé" (S. II, 275)
L'usure compte parmi les péchés irrémissibles. Le Coran s'adressait aux Musulmans mais aussi aux Juifs qui n'hésitaient pas à arrondir leurs capitaux en prélevant un pourcentage sur les sommes prêtées : "Il appartient au prêteur de récupérer l'équivalent de son dû, ne lésez personne et vous ne serez pas lésés". (S; II, 279).
Les Juifs prohibaient l'usage de l'usure entre eux, mais l'appliquait à l'égard de ceux qui ne pratiquaient pas leur religion. Ils se fondait sur un passage de l'Ancien Testament : "Tu ne feras à ton frère aucun prêt à intérêt, ni prêt de nourriture, ni prêt de quoi que ce soit qui puisse rapporter des intérêts. A un étranger tu feras des prêts à intérêt, mais à ton frère tu n'en feras pas, pour que le Seigneur ton Dieu te bénisse dans toutes les entreprises au pays où tu vas entrer pour en prendre possession ". (Deutéronome XXIII 20, 21).
Si Dieu avait conseillé l'usure vis-à-vis de ceux qui vivaient en dehors d'une communauté religieuse déterminée, Il en aurait permis l'usage au détriment des Paîens, ce qui n'avait pas été fait. Au contraire, le Coran révèle que les Juifs avaient été punis à cause des altérations qu'ils avaient fait subir à la Parole divine, entre autres, pour avoir introduit l'usure dans leurs tractations financières.
A aucun moment, le Livre Sacré ne signale que cette pratique fut d'abord tolérée et ensuite prohibée. A notre avis, ce passage de l'Ancien Testament est l'une des nombreuses manipulations faites par l'homme pour déformer les décrets divins et les faire conformer à ses propres inclinations.
Les développements économiques que nous connaissons soulèvent des problèmes apparemment semblables à ceux de l'usure. Le capitaliste, l'état... investissent des capitaux dans une entreprise. Ils en retirent des bénéfices qui ne revêtent pas la forme de l'usure, en ce sens que le capital mis en circulation a été exploité et, l'apport qui s'en est dégagé pourrait bien être comparé aux fruits supplémentaires que fournit la terre travaillée dans cette perspective.
Certains juristes musulmans n'admettent pas la licéité des dépôts bancaires assimilés à des opérations usuraires. D'autres n'y voient aucun préjudice à la morale islamique. Ces placements n'ont pas été nécessairement mis dans une banque dans l'intention de bénéficier d'un intérêt qui n'arrive d'ailleurs même pas à compenser les pertes dues à l'inflation. Ils se distinguent, en outre, du prêt destinée à une tierce personne et dont le remboursement, augmenté d'un taux, grève le patrimoine du débiteur.
Les dépôts bancaires pourraient être assimilés aux investissements. Les sommes déposées dans une banque ont servi à produire des dividendes mais aussi à grossir leur propre volume au profit de la banque.