Jeunes Musulmans et Islam : le grand écart ?Je suis d'origine italienne. J'ai grandi dans un petit village où il n'existe malheureusement aucun musulman.
Puis vint un jour où une amie me présenta un homme marocain de 28 ans, …nous avons fait connaissance et entamé une relation que je pensais durable…mes sentiments pour lui grandissaient et je pensais que c'était le cas pour lui aussi ce qui me poussa à lui donner la plus belle preuve d'amour que l'on puisse offrir à un homme: Ma virginité.
… quelques jours plus tard il me téléphona pour m'annoncer qu'il me quittait ... pour se marier avec une autre.
…Suite à cela, mon idée de l'islam, changea complètement….Cette jeune fille de 22 ans conclut son témoignage de conversion ainsi :
« En conclusion, je pense qu'il est préférable de juger les hommes (Bien souvent malheureusement inspirés de Shaytan) plutôt que l'Islam qui n'est que Paix »Ce témoignage édifiant n’est malheureusement pas un cas isolé,
« Heureusement que j'ai connu l'Islam avant de connaître les musulmans » disait Cat Stevens (Yousouf Islam). On trouve de nos jours sur la toile de nombreux témoignages de personnes ayant eu une mauvaise vision au départ de l'Islam à cause du comportement déviant d'un membre de la communauté musulmane.
Simple fait de société, ou véritable malaise communautaire ? L’image de l’islam est-elle ternie par ces comportements ? Si c’est le cas, quelles en sont les causes et les réponses à apporter ? Mais encore, quel rôle ont à jouer les parents musulmans dans l’éducation de leurs enfants ?
Voila les questions auxquelles nous allons tenter de répondre dans cet article, en nous focalisant sur la situation en France.
De qui s’agit-il précisément ?Dans les sociétés musulmanes, l’islam est souvent religion d’état à l’échelle sociétale, mais également familiale, où il se transmet de père en fils, éduque l’individu, forme l’esprit et assure sa promotion à travers une conduite droite, qui assure aux membres de la communauté, le panel des valeurs essentielles comme le respect de soi-même et par cela le respect d’autrui.
Que ce soit en Europe ou dans les pays du Maghreb, il n’ y a pas besoin d’être éclairé, pour constater avec amertume que ces qualités sont devenues quasi absentes chez les jeunes aujourd’hui.
Le passage du relais éducatif entre générations, n’est plus systématiquement accompagné par l’acquisition des traits de caractères types du bon musulman, comme l’humilité, la tolérance, l’honnêteté. C’est dans ce contexte que l’on doit observer le fait que ces derniers, en arrivant au-delà de l’âge adulte, continuent à adopter un comportement indigne des valeurs de l’Islam.
Tareq Oubrou, imam français, explique ce phénomène de comportements bipolaires chez ces jeunes musulmans, en ces termes :
- le musulman né au sein d’une famille musulmane, est musulman. Une pratique religieuse comme les cinq prières par jour, n'est plus alors qu’un automatisme, bien qu'étant le deuxième pilier de la foi Musulmane.
L'esprit de nombreux jeunes est confus, du fait qu'ils mélangent souvent l’appartenance spirituelle et l’appartenance ethnique... il y a beaucoup de psychologique, de sociologique, il y a peu d’islam dans le discours de ces jeunes.
Pour expliquer cette schizophrénie du comportement, de nombreux sociologues tentent d’ébaucher une explication de ce phénomène, en tenant compte de l’analyse du contexte sociologique dans lequel évoluent les musulmans en occident. Vivant souvent dans un environnement laïque, dénoué d’approche conservatrice, si ce n’est la morale laïque, les jeunes sont souvent confrontés d’une part aux moeurs occidentales libertaires, interdites par la religion (relations libres entre filles et garçons, alcools et drogues…), et d’une autre part à leur sphère familiale souvent traditionaliste.
Ce grand écart permanent entre la modernité et la tradition, dans un environnement comme la société française, peut engendrer une perte de repères chez l’individu, qui peut se traduire par des écarts de conduite entre ce que la société permet et ce que la religion interdit.
Dans un pays comme la France qui laisse une grande liberté aux moeurs et aux actions de ses habitants, et où les frontières du droit français se trouvent à des milliers de kilomètres au-delà de celle posées par l'Islam, quelle attitude pourrait avoir un musulman livré à lui-même, face à un tel dilemme ?
C’est dans ce contexte que se pose inévitablement une autre question, celle de la compatibilité de l’islam avec les lois laïques. Nous ne nous attarderons pas sur ce point qui mérite un autre débat, mais à écouter les défenseurs de cette idée, ils sont formels : l’islam et la laïcité peuvent parfaitement cohabiter ensemble. Tariq Ramadan, dans son fameux livre
Islam et laïcité, affirme :
« Un musulman, résident ou citoyen, doit se considérer sous l'effet d'un contrat à la fois moral et social avec le pays où il séjourne. En d'autres termes, il se doit d'en respecter les lois. » Tradition et modernité, A qui la faute ? Face à de tels comportements, les valeurs véhiculées par l'Islam, comme son sens même de
« soumission à Dieu », perdent complètement leurs dimensions. Les parents sont en partie responsable de cet état de fait par leur manque de suivi et d'engagement dans l'éducation religieuse de leurs enfants, celle-ci étant souvent réduite au simple ;
« fait comme cela », plutôt que
« voila pourquoi il faut faire ceci ».
Si l’on va plus loin, l'éloignement du discours de ces jeunes avec la réalité relève d’une véritable incohérence qui est le propre même de la schizophrénie.
L'exemple le plus simple de ce comportement contradictoire, est le port du voile. En effet, si admirer des femmes dénudées ne dérange plus personne, dévoiler sa soeur est une chose inacceptable.
Et que dire du discours de ces jeunes que vous pourriez croiser un jour autour d’un terrain de foot, aux puces de Clignancourt ou dans un café-chicha, et qui s’adonnent sans problème à la fornication, puisque la femme occidentale est une étape préalable d'acquisition d'expérience, avec laquelle de toute façon il sera impossible de se marier, la tradition obligeant à épouser uniquement une musulmane !
Comble de l’ironie, certains de ces mêmes individus prient, jeûnent pendant le ramadan et vous moralisent quand il le faut. Ils sont tout à fait conscients du mal qui ronge la communauté, et vous le justifient même, avec des arguments comme :
« C’est à cause de la France », ou
« C'est pas ma faute, c'est les autres …» comme le slamme si bien Abdel Malik dans une de ses chansons.
Face à de tels comportements, les premiers musulmans vivant à l'époque du prophète de Dieu (PBSL) auraient été plus que choqués. Certains, comme Umar Ibn Al Kattab, qui détestait les hypocrites, n'aurait même pas hésité à émettre l'idée de
« trancher la tête de ces mécréants ».
Qu’auraient pensé ces premiers jeunes musulmans qui avaient tellement la foi qu’ils jeûnaient en guise d’abstinence et n’hésitaient pas à mettre en application le fameux hadith du prophète
« Parmi les sept personnes qui seront abritées à l'ombre du Trône, le jour où il n'y aura d'autre ombre que la Sienne, sera un homme qui aura refusé l'invitation à l'adultère faite par une femme belle, d'une haute dignité et à laquelle il aura dit: "Je crains Dieu ».A la recherche du juste milieuPour vivre en Occident, tout en continuant à pratiquer l’Islam, il convient de se rappeler que la soumission à Dieu est la clé du bon comportement et du salut éternel.
Ce n'est que par cette attitude que le musulman apprend à se contrôler, à donner une bonne image de l'Islam à ses compagnons de foi, et leur faire comprendre leur mauvaise attitude, si ces derniers commencent à dévier de la droite voie.
Elle est donc bien loin l’application du hadith du prophète Muhammad (PBSL) :
«Vous êtes tous des bergers et vous êtes tous responsables de l'objet de votre garde. Le chef est un berger, l'homme est le berger de sa propre famille, la femme est la bergère de la maison de son mari et de ses enfants. »Dans un autre hadith, le prophète de Dieu (PBSL) fait clairement le parallèle entre le bon comportement et la foi, l’un et l’autre ne pouvant être dissocié :
« La foi n'est pas une chose que l'on peut prétendre avoir, c'est la bonne intention que l'on a dans le coeur et qui se manifeste à travers un bon comportement. »En résumé, l’amélioration du caractère chez le jeune musulman fille ou garçon doit donc passer par un réapprentissage de sa religion, par un
« retour au source ». Ceci afin de combler le fossé actuel qu’il y a entre sa pratique des rites islamiques et son attitude vis-à-vis d'autres personnes, toutes communautés confondues.
La majorité des jeunes d’aujourd’hui seront dans un avenir proche des pères ou des mères de famille, et il est donc primordial qu’ils puissent bien transmettre le relais,
« Al Amana » à leur(s) enfant(s).
Ceci contribuera au dialogue intercommunautaire et à fortement redresser l’image de notre religion, qui n’a jamais suscité autant de haine et de tension que depuis ces dernières années.
Ô hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre connaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand Connaisseur. (Coran 49 :13)