"construis moi aupres de Toi une maison au Paradis..."

Allah a cité en parabole pour ceux qui croient, la femme de Pharaon, quand elle dit : "Seigneur, construis-moi auprès de Toi une maison au Paradis. Sauve-moi de Pharaon et de son oeuvre ; et sauve-moi des gens injustes". (Coran 66.11)


Que valait pour Assia, épouse d’un Pharaon, le Paradis sans la proximité de Celui qui a crée ce Paradis et qui en est le Maître ?

Que valait pour Assia, épouse d’un tyran sans foi ni loi, le Paradis sans la proximité de Celui pour qui elle a accepté de sacrifier une vie mondaine de l’illusion pour la vie réelle où il n’y a plus ni peine ni privation ?

Que valait pour Assia, épouse d’un gouverneur démoniaque comme les systèmes corrompus savent en engendrer, l’éternité, sans la proximité de Celui pour qui elle a choisi de mourir dans les pires souffrances et dans les affres d’une longue agonie ; souffrance accompagnée d’un des plus beau témoignages de foi que l’on peut imaginer en ces mots :


Tu es Mon Dieu, mon Unique Recours, mon Seul Secours, mon Seul Allié.

Je n’ai pas mal de Pharaon et de ses méfaits, mais j’ai mal de Toi et Toi seul peux me soulager.

J’ai froid de Toi et seule la promesse d’une maison auprès de Toi peut me consoler.

J’ai mal de T’aimer oh mon Dieu. Et j’ai mal de ne pas savoir T’aimer comme il Te sied d’être aimé.

Tu es mon Dieu, Tu es mon Seigneur, Tu es mon Refuge, Tu es mon Salut, Tu es la paix de mon âme, Tu es la Clef de mon Eternité.
Mon Dieu j’implore ton aide. Mon Dieu j’implore Ton Secours seule force contre la tyrannie des tyrans et la folie meurtrière des déments.
Soumission pure, soumission sincère, soumission apaisante, soumission reposante. Soumission de mission, soumission de témoignage, soumission de preuve après mise à l’épreuve.
Mon Dieu je veux trouver la paix de l’âme et savourer une totale soumission.
Et si pour cela je dois mourir et bien la mort me sera plus douce qu’une errance mondaine pharaonique dans les plus beaux apparats et les plus fastueux palais.

En choisissant de mourir, plus qu’une démonstration de courage et de foi sincère, elle a accompli sa vocation de croyante .Elle a bravé l’injustice et la tyrannie. Elle a combattu avant l’heure le les deux fléaux causes de notre déchéance : «L’amour de la vie d’ici-bas et l’aversion de la mort. ».
Sûredela promesse divine elle a combattu à sa manière l’attentisme fataliste et fétichiste.
Elle a montré à Pharaon qu’il ne représente ni la norme ni la référence et qu’il n’est pas le centre du monde loin de là. S’il croit par la force posséder quelque chose il se leurre, car s’il possède les corps il n’a aucune emprise sur les cœurs et sur les âmes ni même sur le soleil qui continuera de se lever à l’Est à la barbe de tous les bourreaux prétentieux, ces charlatans, ces pantins qui croient avoir droit de vie ou de mort sur des Hommes que les utérus de leurs nobles mères ont enfanté libres.
Au nom de quel droit, au nom de quel principe, au nom de quelle norme, une âme aurait droit de vie et de mort ou droit de domination ou de servitude sur une autre âme ?
Au nom de quel droit, au nom de quel principe, au nom de quelle norme, un être vil, arrogant, prétentieux, orgueilleux, aurait le droit de malmener, de torturer ou de mutiler un corps au point de le défigurer ?
Tous ces pharaons démoniaques qui infligent la torture pour infléchir les volontés et effacer toute humanité de ces corps déchiquetés méritent de périr pour perte d’humanité ou dés – humanité.
Maudits soient ceux qui torturent, bombardent et tuent au prétexte d’imposer la liberté et la démocratie. Parce que la démocratie et la liberté ne s’imposent pas en semant la désolation et la mort, mais s’instaurent par l’éducation et l’instruction, si tant est que tous ces « chantres de la démocratie » aient des leçons à donner en ce domaine.
Qu’a fait Assia épouse de Pharaon sinon préserver son existentialité intime (sa fitra) saine et pure authentique contre la laideur du mensonge de l’injustice et de la barbarie.
Savoir dire non c’est le début de la liberté. En refusant d’élever son époux au rang de divinité auquel il voulait être élevé, Assia a fait preuve du plus grand courage et de la plus grande des libertés. Stature avec laquelle aucun donneur de leçon d’un occident arrogant et prétentieux, ne pourra jamais rivaliser.
Elle avait à ses pieds le pouvoir et la richesse. L’Egypte était à ses pieds, elle était une reine. Elle a préféré la plus belle des servitudes, celle de la cause de Dieu.
A l’instar de Assia, pour qui le paradis sans la proximité du Bien aimé, n’était pas concevable,
Que vaut pour nous l’Islam sans sa dimension de dignité ; dignité sociale et ontologique?
Que vaut pour nous l’Islam sans sa dimension de justice ; justice usurpée par tous ces semeurs de désordre, ces bouchers et autres monstres dont on ne trouve pas d’égale monstruosité même dans le genre animal le plus primitif?
Que vaut pour nous l’Islam sans sa dimension de liberté ; liberté corollaire de la fraternité en Humanité ?
Que vaut pour nous l’Islam sans sa dimension d’être aimants qui disent, chantent, proclament en toute liberté l’amour du Bien Aimé ?

…

Une fleur sans odeur, Un oranger sans fruits, Un oiseau sans ailes, Une montagne écimée,Un ciel sans étoiles, Un regard sans lumière, Un corps sans âme, un cœur sans passion, Une nuit sans fin et une journée sans lendemain.

Pharaon ou tous les tyrans cachés derrière des façades démocratiques taillées sur mesure par l’Occident, ne sont pas notre problème.Dieu saura reconnaître les siens. Notre problème c’est notre conscience face à toutes ces violations et tous ces crimes contre l’Humanité dont ils ont été ou sont coupables.
Dénoncer le chaos et le combattre ou aider par notre silence ou pire encore par notre complicité consciente ou inconsciente, à le maintenir.
Savoir mourir pour mieux renaître. Force et tranchant de la Vérité, face au tranchant et à la brutalité du sabre. Assia l’avait pratiqué. Elle avait compris que gémir n’est pas agir, même si la souffrance et l’humiliation peuvent être un prémisse à l’action.
Elle avait compris qu’être un croyant et Agir pour dieu c’est être un sachant de Dieu. Rompre avec le despotisme, qu’il soit celui de la corruption politique ou du diktat idéologique.


A nous de choisir notre mode de libération et d’y œuvrer de façon ferme, lucide et déterminée ou au moins taisons nous comme nous l’a enseigné le Prophète (PSDL) en priant Dieu que ce silence ou ce mutisme, aient un jour valeur d’aumône. Nous éviterons au moins d’alimenter par nos propos et nos prises de positions, les machines du mensonge et de l’oppression.

Faouzia ZEBDI-GHORAB