salam
La meilleure manière d’ordonner le bien et de réprouver le mal
Question :
[Nous avons reçu] deux lettres interrogeant sur la meilleure voie pour appeler les gens à Allah, et sur la meilleure manière d’ordonner le bien et de réprouver le mal.
Les auteurs de ces deux lettres rappellent les erreurs qu’ils ont remarquées de la part de nombreux musulmans, leur souffrance face à ce qu’ils voient et leur souhait, si cela était en leur pouvoir, de réprouver le mal.
Ils espèrent également que vous leur donniez des directives.
Réponse :
Allah a exposé la manière d’appeler [les gens à l’islam], et ce qu’il convient au prédicateur de faire lorsqu’Il dit (traduction rapprochée) :
« Dis : « Voici ma voie, j’appelle les gens (à la religion) d’Allah, moi et ceux qui me suivent, nous basant sur une preuve évidente. » » [Yûsuf : 108]
Celui qui invite à l’islam doit donc avoir de la science et des preuves évidentes de ce à quoi il invite et de ce qu’il interdit, afin de ne pas parler sur Allah sans science.
Il doit vouer cet acte sincèrement à Allah, et non pas à une école de pensée ( Madhhab), ni à l’avis d’untel ou untel, mais il doit le faire pour Allah Seul, Celui dont il cherche la récompense et le pardon.
Il cherche ainsi à ce que les gens se réforment, et pour cela, il est indispensable qu’il possède la sincérité ( Ikhlâs) et la science, car Allah dit (traduction rapprochée) :
« Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. » [An-Nahl : 125]
Ceci est un exposé de la manière de prêcher (ad-Da’wah).
Il faut que cela soit fait avec sagesse, c'est-à-dire avec science – de ce qu’Allah a dit et ce que le Prophète ( salallahu ‘alayhi wasalam) a dit.
La science a été désignée par la sagesse, car elle repousse le faux et aide à suivre la vérité.
Cette science doit être accompagnée d’une bonne exhortation, et de la discussion menée de la meilleure manière qui soit, lorsque cela est nécessaire, car pour certaines personnes, l’exposé de la vérité avec ses preuves suffit, parce qu’elles cherchent la vérité et lorsqu’elle leur apparaît, elles l’acceptent ; il n’est donc pas utile de l’exhorter.
Chez d’autres personnes, il existe quelques réticences et un manque de réaction : il faut alors les exhorter de la meilleure manière.
Le prêcheur exhorte et rappelle les gens vers Allah, lorsque c’est nécessaire, avec l’ignorant et les insouciants, et avec ceux qui se laissent aller à la facilité, jusqu’à ce qu’ils soient convaincus et qu’ils s’accrochent à la vérité.
Il se peut que la personne que l’on prêche ait certains doutes, alors il faut discuter avec elle, en cherchant à dissiper ce doute, et le prêcheur doit alors expliquer la vérité en citant les preuves, et en discutant de la meilleure façon pour effacer ce doute par les preuves des Textes, en usant de bonnes paroles, de bonnes manières et de douceur, et non pas avec violence et dureté, si bien qu’on n’éloigne la personne de la vérité, et qu’elle s’entête dans son égarement.
Allah dit (traduction rapprochée) :
« C’est par quelque miséricorde de la part d’Allah que tu (Muhammad) as été si doux envers eux ! Mais si tu étais rude, au cœur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. » [Âl-‘Imrân : 159]
Allah a dit à Mûsâ et Hârûn lorsqu’Il les a envoyés à Pharaon (traduction rapprochée) :
« Puis, parlez-lui avec douceur. Peut-être se rappellera-t-il ou (Me) craindra-t-il ? »[Tâ-Hâ : 44]
Le Prophète (salallahu ‘alayhi wasalam) a dit dans un récit authentique :
« La douceur n’est pas ajoutée à une chose sans l’embellir, et elle n’est retirée d’une chose sans l’enlaidir.»
(Muslim : 2594)
Et Il a dit :
« Celui qui est privé de douceur est privé de tout bien. »
(Muslim : 2592)
Le prédicateur doit rechercher la vérité, appeler avec douceur, s’efforcer de vouer son œuvre sincèrement à Allah, et corriger les choses de la façon qu’Allah a ordonné, c’est-à-dire l’appel vers Allah avec sagesse, bonne exhortation et discussion de la meilleure façon.
Dans tout ce qui a précédé, il doit être doté de science et connaître les preuves afin de convaincre celui qui recherche la vérité, dissiper le doute chez celui qui en a, adoucir le cœur de ceux qui sont insensibles, éloignés et durs, car les cœurs s’adoucissent au rappel d’Allah et à la bonne exhortation, et l’exposé de ce qu’il y a auprès d’Allah comme bien pour celui qui accepte la vérité, et ce qu’il y a comme danger, s’il rejette l’appel qui lui est venu avec vérité.
Quant aux gens qui ordonnent le bien et réprouvent le mal, ils doivent adopter le comportement recommandé par la Loi d’Allah, vouer sincèrement leurs actes à Allah, et se comporter comme se comportent les prédicateurs, avec douceur et absence de dureté, excepté lorsque c’est nécessaire avec les oppresseurs, les orgueilleux et ceux qui s’obstinent.
Dans ce cas, avec eux, il est autorisé d’utiliser la force et le châtiment exemplaire, selon la Parole d’Allah (traduction rapprochée) :
« Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d’entre eux qui sont injustes. » [Al-‘Ankabût : 46]
et la parole du Prophète ( salallahu ‘alayhi wasalam) :
« Celui qui voit un acte blâmable qu’il le change par la main ; s’il ne peut pas, alors par la parole ; s’il ne peut pas, qu’il le réprouve dans son cœur, et cela est le degré le plus faible de la foi. » (Muslim : 49)
Pour les autres personnes, il agit en réprouvant le mal et en appelant au bien comme le fait le prédicateur : il appelle avec douceur et sagesse, il donne des preuves afin que celui qui fait le mal s’accroche à la vérité, et cesse de suivre son chemin égaré, et ce en fonction de ses capacités, comme Allah dit (traduction rapprochée) :
« Craignez Allah autant que vous pouvez. » [At-Taghâbûn : 16]
et comme le Prophète ( salallahu ‘alayhi wasalam) a dit dans le hadith cité précédemment :
« Celui qui voit un acte blâmable… »
Il existe des versets généraux qui montrent cela, comme la Parole d’Allah (traduction rapprochée) :
« Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable. » [At-Tawbah : 71]
et Sa Parole (traduction rapprochée) :
« Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez à Allah. »[Âl-‘Imrân : 110]
Allah a menacé ceux qui ont délaissé cela, et Il les a maudits par la bouche de Dâwûd et ‘Isâ lorsqu’Il dit (traduction rapprochée) :
« Ceux des enfants d’Israël qui n’avaient pas cru ont été maudits par la bouche de Dâwud et ‘Isâ fils de Marie, parce qu’ils désobéissaient et transgressaient. Ils ne s’interdisaient pas les uns aux autres ce qu’ils faisaient de blâmable. » [Al-Mâ’idah : 78-79]
Cette mission est importante et la responsabilité est grande ; il est donc obligatoire aux gens de foi et ceux qui ont la capacité, parmi les gouvernants, les savants et les individus musulmans qui ont la capacité et la science, de réprouver le mal et d’ordonner le bien.
Cela n’est pas réservé à un groupe précis, même si cette obligation pèse plus sur ce groupe et c’est à lui qu’incombe cette lourde charge.
Mais, cela ne signifie pas que les autres sont dispensés de cette responsabilité.
Il est obligatoire de les aider et d’être avec eux pour réprouver le mal et ordonner le bien, de façon à ce que le bien se répande et que le mal diminue, surtout si ce groupe ne s’occupe pas de ce qui est demandé et que le but n’est pas atteint, car le domaine est vaste, et le mal est important et aider ceux qui s’en chargent est obligatoire quoi qu’il en soit.
Si ce groupe s’occupe de cela et atteint le but recherché, alors l’obligation ne pèse plus sur le reste de la communauté, dans cet endroit précis et ce pays précis, car ordonner le bien et réprouver le mal est une obligation pour une partie de la communauté (Fardh Kifâyi).
Si le résultat est atteint avec ce groupe et ceux qui les aident, cela devient une Sunna (un acte méritoire) pour le reste de la communauté. Alors que si le mal ne peut cesser que par ton intervention, car tu es la seule personne présente dans le village, la tribu ou le quartier et qu’il n’y a personne qui ordonne le bien dans ces endroits, alors c’est une obligation individuelle pour toi de réprouver le mal et d’ordonner le bien car tu es celui qui le connaît, et qui peut le réprouver.
Dans ce cas, il t’est obligatoire de le faire.
S’il y a avec toi une autre personne, cela devient une obligation collective : celui de vous deux qui l’effectue dispense l’autre de ce devoir, lorsque le but est atteint.
Par contre, si vous le délaissez tous les deux, vous êtes tous les deux coupables.
La conclusion est que c’est une obligation collective (Fardh Kifâyî) lorsqu’une partie de la communauté s’occupe de cette tâche et que le but est atteint, ainsi l’obligation est levée pour le reste de la communauté.
Il en est de même pour l’appel à Allah : lorsque toute la communauté le délaisse, tout le monde est coupable, et lorsqu’un groupe s’en occupe de manière suffisante pour appeler les gens, les orienter et réprouver le mal, cela devient pour les autres une œuvre d’un très grand mérite, car c’est participer à un bien et aider à l’accomplissement des bonnes œuvres et de la piété.
Shaykh Ibn Bâz, Majmû’ Fatâwâ (3/230)
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Cheikh ‘Abdel-‘Azîz Ibn ‘Abdi-llâh Ibn Bâz