Les épouses idéales

Tranche de Vie :

Mra rojla
par El-Guellil

Le mariage, pensent quelques-uns, c'est comme au restaurant. Quand on a la carte du menu sous les yeux, on hésite à choisir. Alors on se décide, un peu au hasard, selon le nom du plat ou les accompagnements. Une fois servi, lorsqu'on voit ce qu'on a dans son assiette, on se dit qu'on aurait mieux fait de choisir autre chose. Ce qui pousse, pour en revenir au mariage, aux divorces et autres conflits.

Il se dit que fi blad Mangala, afin d'éviter et limiter ces divorces, ils ont créé une école pour former les épouses idéales. Parrainée par des hommes d'affaires du monde entier, cette institution, totalement gratuite, affirme avoir formé à la vie conjugale plus de 4.000 jeunes femmes âgées de 18 à 21 ans. Voilà donc une idée pour les femmes en retraite. Former les futures épouses. Bien entendu, cela ne sera pas gratuit. On ne peut pas transmettre un savoir-faire batel.

Donc ces dames âgées, expérimentées, moyennant un pécule, recevront des jeunes filles en voie d'épousailles pour parfaire leur formation.

La première étape, la théorique, leur apprendra que les hommes d'aujourd'hui en ont marre des femmes qui veulent coûte que coûte leur ressembler. Elles doivent intégrer profondément qu'el-mra qui s'efforce de vouloir ressembler aux hommes donne l'impression d'un manque d'ambition certain.

«Vous travaillez comme des redjala, c'est un fait, mais n'oubliez pas que vous êtes femmes de foyer aussi. Le soir, après le boulot, quand vous arrivez chez vous, mettez-vous bien dans la tête que votre époux arrivera crevé. Préparez-lui un bon goûter face à la télévision. Faites en sorte que tout soit en ordre avant de rejoindre la cuisine pour préparer le dîner. Un petit «ouach fi khatrak omri» lui fera certainement plaisir. De toute façon, ne connaissant rien à la cuisine, il ne saura vous répondre. Préparez-lui son pyjama et faites-lui couler un bain. C'est au moment où il est dans la salle de bain que vous préparez la table... Avant votre mariage, mes enfants, je me dois de vous enseigner la loyauté, la patience, la persévérance, l'humilité et beaucoup d'autres choses dont vous n'aurez jamais eu besoin si vous étiez restées célibataires».

A ces mots, toutes les femmes quittent la classe. Elles préfèrent le célibat. Voilà ce que l'on appelle la rojla féminine !