Ainsi donc, le
Coca-Cola (comme beaucoup d’autres colas) contient d’infimes traces d’alcool.
« Pour clore une rumeur persistante sur la présence d’alcool dans les colas, les ingénieurs ont réalisé leurs propres dosages. Résultat ? Près de la moitié des colas testés contiennent de l’alcool – à des doses cependant faibles (moins de 10 mg d’éthanol par litre, soit près de 0,001 %). »
Par ailleurs,
Coca-Cola a toujours reconnu que ses produits contenaient des traces d’alcool liées à la présence de certains fruits et arômes. Une transparence qui n’est pas de mise pour tous les ingrédients de la formule -toujours secrète-, notamment les feuilles de
coca à propos desquelles le fabriquant n’est pas particulièrement à l’aise. Petit retour en arrière.
Tout démarre en 1885, lorsqu’un ancien soldat confédéré, le lieutenant John Pemberton, pharmacien dans le civil et, dit-on, morphinomane à cause d’une mauvaise blessure de guerre, met sur le marché son Pemberton French Wine
Coca. La recette n’est que la copie du blockbuster de l’époque: le vin Mariani. Une décoction de feuilles de
coca et de Bordeaux inventée en France et très appréciée du pape Léon XIII ou de la reine Victoria. Le Cocao-Cola est alors bien une boisson alcoolisée et psychotrope mais considérée comme un médicament miracle, notamment pour la lutter contre la dyspepsie (d’où le nom du principal concurrent apparu en 1893 : Pepsi).
Mais en 1886, le conseil municipal d’Atlanta, où est implanté Pemberton, décide de la prohibition de l’alcool. Qu’à cela ne tienne: le pharmacien retire le vin de sa formule tout en conservant la
coca et la noix de cola. La formule fait mouche mais Pemberton n’en profite pas puisqu’il meurt deux ans plus tard. La firme, elle, lui survit.
A la fin du siècle, c’est au tour de la
cocaïne, alors en vente libre, de faire l’objet de restrictions dans une Amérique de plus en plus hygiéniste. En 1901, la ville d’Atlanta impose la vente sur ordonnance de ce produit qui commence à avoir mauvaise presse, associé à la vague de criminalité que connaît le Sud du pays.
Les héritiers de Pemberton tranchent alors la
coca en deux. Ils décident de conserver la feuille qui a fait la réputation de leur boisson, mais d’en retirer préalablement le principal agent actif: la
cocaïne, naturellement présente dans le végétal. Un contrat est passé avec le laboratoire Schaefer Alkaloïd Works du New Jersey pour procéder à cette dé
cocaïnisation. Le
Coca-Cola quitte alors les rayons des pharmacies pour devenir la simple boisson rafraichissante que l’on connaît aujourd’hui.
Mais en 1961, la feuille de
coca est interdite dans le monde entier suite aux pressions des Etats-Unis. Une interdiction qui ne perturba pas les juteuses affaires de la firme d’Atlanta. En effet, parmi les seuls laboratoires à pouvoir continuer à importer des feuilles aux Etats-Unis figure Schaefer Alkaloïd Works, dont le client quasi exclusif est
Coca-Cola. La
cocaïne extraite, elle, sert à la recherche médicale. Un commerce qui se fît dans la plus grande discrétion jusqu’à la fin des années 90 où la presse s’intéressa à l’affaire.
Régulièrement interrogée sur la présence de
cocaïne dans sa boisson, la firme répond invariablement qu’elle n’achète pas elle-même de feuilles de
coca (ce qui est vrai puisqu’elle passe par un intermédiaire qui lui livre un produit chimique transformé) et qu’elle n’a jamais ajouté de
cocaïne dans sa formule (ce qui est également vrai puisque la
cocaïne était à l’origine naturellement présente dans les feuilles). Reste que
Coca-Cola est, aujourd’hui encore, le principal importateur mondial de feuilles de
coca, comme l’ont confirmé les autorités péruviennes et boliviennes, où sont cultivées les sulfureuses feuilles.
Enfin, la caféine, naturellement contenue dans les noix de kola, fit elle aussi l’objet de débats au début du siècle. En 1911, le gouvernement fédéral intenta ainsi une action en justice pour forcer
Coca-Cola à se passer de caféine, et donc de noix de kola. En vain. Mais l’année suivante, le Pure food and drugs act fut tout de même modifié pour obliger les fabricants de produits contenant de la caféine à le préciser sur l’étiquette
De la caféine donc, de la
coca mais pas de
cocaïne. Quant à l’alcool, selon l’étude de 60 millions de consommateurs, vous pouvez toujours l’éviter en buvant d’autres colas puisque 9 des 19 marques testées n’en contenaient pas (Carrefour classic et light, Super U, Auchan, Cora, Leader Price, U-Man Cola).