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 Puis-je choisir l'avis juridique dont j'ai envie ?

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2 participants
AuteurMessage
genna
3 Grades
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genna


Féminin Nombre de messages : 875
Age : 45
Localisation : Corse
Loisirs : lecture, cuisine, jardinage
Date d'inscription : 17/01/2008

Puis-je choisir l'avis juridique dont j'ai envie ? Empty
MessageSujet: Puis-je choisir l'avis juridique dont j'ai envie ?   Puis-je choisir l'avis juridique dont j'ai envie ? Empty2008-02-02, 09:49

Puis-je choisir l'avis juridique dont j'ai envie ?


lorsqu'on se trouve en présence de plusieurs opinions différentes
venant de différents savants musulmans, peut-on faire le choix de
n'importe laquelle d'entre elles ? Si oui, quel doit être le critère de
ce choix : ce que nous souffle notre coeur, ce que nous dicte notre
raison, ce qui nous plaît le plus, ce qui nous paraît le plus facile ?
Non, on ne peut pas procéder de la sorte pour choisir un avis. Le critère pour pareil choix est la validité des arguments (sihhat ud-dalîl et quwwat ud-dalîl)
et non la petite idée que l'on peut avoir derrière la tête. Or, pour
pouvoir établir laquelle des opinions en présence repose sur un
argument valide, il faut d'abord établir laquelle de ces opinions
relève de laquelle des catégories de divergences d'opinions.
, les règles de la jurisprudence musulmane peuvent être classées en 3 catégories :
1) celles extraites d'un texte du Coran qui est clair (qat'iyy ud-dalâla) ou d'un texte des Hadîths qui est authentique (sahîh) et clair (qat'iyy ud-dalâla) (catégorie B. 1.) ;
2) celles
extraites de textes du Coran ou des Hadîths qui sont depuis longtemps
sujets à différentes interprétations chez les savants musulmans, et ce
parce qu'ils ne sont pas à la fois authentiques (sahîh) et clairs (qat'iyy ud-dalâla) (catégorie B. 2.) ;
3) celles établies en fonction, d'une part du principe (illa)
extrait d'un texte mais aussi, d'autre part, des données sociales
('urf) ou des possibilités techniques existant alors (catégorie B. 3.).


Des cas différents pour ces différentes catégories :

Pour la catégorie 1),
on va prendre l'opinion qui est conforme au texte du Coran et des
Hadîths. Ceci car, ici, non seulement une seule opinion est juste, mais
il est de plus facile de la distinguer. Et s'il y a eu, à propos de ce
genre de règlements, des opinions divergentes chez certains savants,
ces divergences sont dues au fait que ceux-ci soit n'ont pas dû avoir
connaissance du texte, soit se sont trompés dans leur argumentation. Il
faut donc impérativement délaisser ces opinions qui diffèrent de ce que
dit ce texte du Coran ou des Hadîths. Cependant, il ne faut jamais
dénigrer (ta'n) les savants qui en sont les auteurs, car le Prophète
(sur lui la paix) a annoncé la promesse d'une récompense pour celui qui
fait un effort de réflexion et se trompe (rapporté par al-Bukhârî).
Attention : il faut ici rappeler que dire seulement d'un juriste qu'il
s'est trompé parce que le Hadîth ne lui est pas parvenu, ce n'est pas
le dénigrer (ta'n). Le dénigrer, ce serait dire de son opinion
qu'elle est honteuse et indigne d'un savant musulman, et de lui qu'il
est un incapable.
Exemple : Un très illustre juriste disait de
certains alcools élaborés à partir de fruits autres que le raisin et la
datte qu'ils sont interdits s'ils sont absorbés en quantité telle
qu'elle provoque l'ivresse ; et qu'il est cependant permis de les
prendre en quantité qui n'aille pas jusqu'à l'ivresse à condition qu'on
les absorbe non pas par frivolité mais pour renforcer sa santé.
L'opinion de ce juriste contredit cependant deux Hadîths authentiques
et clairs du Prophète : "Tout ce qui provoque l'ivresse est du vin" (rapporté par al-Bukhârî). "Ce qui, pris en la quantité d'un faraq, provoque l'ivresse est interdit même pris en la quantité de ce qui tient dans la main" (rapporté par Abû Dâoûd). Le savant hanafite indien Shâh Waliyyullâh écrit à ce sujet : "Aujourd'hui
il n'est pas permis à un musulman de croire qu'il est licite de
consommer l'alcool qui a été fabriqué à partir d'autre chose que le
raisin lorsqu'il est consommé en quantité inférieure à ce qui provoque
l'ivresse. Certains Compagnons et certains musulmans de la seconde
génération n'avaient pas eu connaissance du Hadîth. Mais aujourd'hui,
le Hadîth est devenu connu et la vérité est apparue comme le jour"
(Hujjatullâh il bâligha,
2/509-510). Après tout, les savants musulmans fondateurs d'écoles
juridiques n'avaient-ils pas tous dit en substance : "Si je dis une
fatwa contraire à ce qu'a dit Dieu ou à ce qu'a dit le Messager de
Dieu, délaissez ma parole." De la même façon, l'opinion de Ibn Hazm
légalisant tous les instruments de musique contredit un Hadîth qui est
clair et qui est aussi, contrairement à ce qu'il en disait,
authentique. Ibn Hazm s'est ici trompé. Il nous faut donc délaisser son
opinion, sans le dénigrer (ta'n).
Attention : établir ainsi quel avis est conforme au texte demande des compétences approfondies (tabahhur).

Pour
la catégorie 2), les spécialistes de la jurisprudence musulmane sont
amenés, en cas de nécessité liée au contexte par exemple, à donner des
avis juridiques venant d'une autre école.
Ceci car, ici, une seule opinion juridique est certes juste (swawâb),
mais, contrairement à la première catégorie, il n'est pas toujours aisé
de trancher en faveur d'une des opinions émises. C'est ce qui est
arrivé par exemple quand les savants de l'école hanafite ont émis la
fatwa de la licéité de la rémunération pour l'enseignement du Coran :
c'est en fait l'opinion de l'école shâfi'ite. C'est également ce qui
est arrivé chez les hanafites de l'Inde, où les savants ont émis une
fatwa en suivant l'opinion de l'école mâlikite pour ce qui a trait à la
période que la femme dont le mari a disparu (mafqûd) doit attendre avant de pouvoir se remarier.

Pour
la catégorie 3), les spécialistes de la jurisprudence musulmane sont
également amenés à changer l'avis juridique en fonction d'un changement
de contexte.
Ceci car il s'agit ici d'avis juridiques qui sont
basés sur des principes issus de textes du Coran et / ou des Hadîths,
mais qui ne sont différents que parce qu'ils sont liés à deux contextes
différents. Ici, la divergence d'opinions n'est pas réelle mais
seulement apparente. Il ne s'agit en fait que d'un même règlement (hukm), et les deux fatwas sont justes chacune par rapport au contexte qui l'a vu naître (ikhtilâf 'urf wa zamân, lâ ikhtilâf hujjat wa bur'hân).


Conclusion :

S'il
est possible que les savants musulmans soient amenés à faire parfois un
choix entre différentes opinions juridiques existantes, ce choix doit
prendre en compte d'abord la validité des arguments, puis la nécessité
du contexte. En tout cas, il ne s'agit nullement de faire pareil choix
sans compétences, en fonction de sa seule petite idée sur le sujet. Car
tous ceux qui, ainsi, n'ont pas les compétences voulues doivent, "sauf
si cela contredit formellement ce que nul n'est censé ignorer, suivre
les fatwas de muftis compétents de leur localité ; et garder à l'esprit
qu'en dehors du Prophète, nul n'est infaillible dans ses opinions"
(Hujjat ullâh il bâlighah, Shâh Waliyyullâh, tome 1 p. 447).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
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hanafita
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hanafita


Féminin Nombre de messages : 211
Age : 41
Localisation : Paris
Date d'inscription : 23/09/2007

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MessageSujet: Re: Puis-je choisir l'avis juridique dont j'ai envie ?   Puis-je choisir l'avis juridique dont j'ai envie ? Empty2008-02-02, 10:21

Salam

Très interessant, mais par rapport à sa famille, son entourage, est-ce autorisé de prendre l'avis juridique que l'on veut?

Ex: Si dans un pays du maghrèb, ou les Îmam sont prèsque à l'unanimité des Malîkites, est-ce que un petit village peut être Shafi'it ou alors faut-il obligatoirement qu'il se réfert à la majorité?

Autre Exemple: Si une famille est Hambalite ou Malikite, un des membres de la famille (le frère ou la soeur) peut-il être Shafi'ite ou Hanafite?



Hanafita
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