"Si jamais je ne reviens pas..." : la lettre d'un GI retrouvée cinquante ans plus tard par son filsGeorge Durst, médecin militaire américain, est arrivé en France en juin 1944. Avant de quitter sa famille, il écrit à son fils de 2 ans, qui ne découvrira ce courrier qu'en 1996.
Tu n'es qu'un petit enfant de 2 ans et je viens d'être appelé pour partir loin de toi..." Le 9 juillet 1942, avant de quitter les Etats-Unis pour l'Europe, George Durst senior écrit une lettre de quatre pages à son fils. Le jeune enfant, qui porte le même prénom que son père, se souvient encore du départ de ce médecin militaire sur le quai de la gare de Charleston, en Caroline du Sud. Il n'avait pourtant que 2 ans, mais l'image ne l'a pas quittée. Cette lettre, dont tout le monde dans la famille ignorait l'existence, George ne la découvrira qu'à la mort de son père en 1996, dans un coffre à la banque. Encore cachetée, elle est accompagnée de l'arme de service du militaire.
Son père n'avait jamais raconté la guerre
En tant que médecin de guerre, George senior a passé deux ans en Angleterre, où il a travaillé à la mise en place de l'organisation médicale du Débarquement, puis est arrivé en France en juin 1944 avant de rentrer aux Etats-Unis en 1946.
Mais c'est un homme pudique. Il n'a jamais évoqué "sa" guerre et a toujours refusé les honneurs et les médailles. "Les décorations sont pour les copains qui ne sont jamais revenus", estimait-il. C'est submergé par l'émotion que son fils a découvert les mots de son père.
"Columbia (Caroline du Sud)
Le 9 juillet 1942
Mon précieux fils,
Tu es maintenant un petit enfant de 2 ans et je viens d’être appelé pour partir loin de toi, à la guerre. Seul Dieu au paradis, qui t’a envoyé à ta maman et moi-même, peut savoir à quel point te quitter brise le cœur de ton papa, même si ça ne doit durer que peu de temps.Tu ne pourras jamais imaginer ce que tu représentes pour moi sauf peut-être le jour où tu sera père à ton tour.
Cette guerre contre l’immoralité est certainement la chose plus horrible du monde que mes compatriotes et moi-même devons mener afin que toi et moi puissions vivre dans une Amérique libre.(…) C’est une guerre que nous devons gagner et moi, comme chaque Américain, je dois faire ma part.
Mon fils, je t’aime, toi et ta mère, plus qu’il serait possible d’aimer une autre personne. Bientôt, tu deviendras un grand garçon, puis un jeune homme. Ta maman est très capable de faire face, elle est intelligente. Si jamais je ne reviens pas de la guerre, je suis sûr qu’elle saura prendre bien soin de toi. Toutefois, voici le job que je te demande d’accomplir pour moi : aime ta mère et prends bien soin d’elle. Elle aura besoin de tout ton amour et de l'attention que tu peux lui apporter.
Sois toujours vrai, droit et bon.
Sois assez courageux pour continuer le chemin, assez courageux pour reconnaître le vrai du faux, défends tes principes, sois fier de ton nom, assez fier pour ne rien faire qui puisse le déshonorer. Etudie, travaille dur, sois ambitieux ! Mais n’oublie pas d’être heureux. Va à l’église, rejoins l’église et adore notre Dieu.
Oh, mon fils, il y a tellement de choses que j’aimerais te dire. Mais la plus importante est que je t’aime et je suis sûr d’être le papa le plus fier du monde, et toi, tu es le meilleur fils.
Souhaitons que toi et moi puissions reprendre un jour notre relation père-fils. Si ça ne se passe pas ainsi, puisse Dieu être avec toi, te bénir et te protéger à jamais !
Ton dévoué père."