LE CHEIKH ABDEL AZIZ IBN BAZ (qu'Allah l'agrée) Sa vie...‘Abdel ‘Aziz ibn ‘Abdillah ibn ‘Abdi-r-Rahmane ibn Mouhammad ibn ‘Abdillah Âl Baz est né à Ryad (capitale du Nejd, située à 1000km de Mekka) le 12 Dhoul Hijja de l’an 1330 de l’hégire (environ 1910), y grandit et y vécut là-bas.
La famille Ahli Baz est une famille qui baigna dans la science. Elle est connue pour ses mérites et ses bonnes mœurs. Elle est originaire de Médine, puis un de leurs aïeux s’installa à ed-Dar’iya ensuite elle partit pour s’installer à Harita beni Tamim.
Il grandit dans un foyer comblé par la science, la guidée, loin de la vie mondaine et apprit le Coran par cœur avant l’âge de la puberté. Il perdit totalement la vue à l’âge de 19 ans suite à une maladie qui le frappa à 16 ans. Un de ses élèves témoigne : [« Allah est le plus Savant mais je pense qu’il fait partie des gens dont Allah a dit dans le Hadith Qoudoussi : « Lorsque J’éprouve un de mes serviteurs par la perte de ses deux choses les plus aimées (ses yeux) et qu’il fait preuve de patience, Je lui accorderais le Paradis en récompense. [4]»…
...Son œuvre...…Le cheikh -qu'Allah lui fasse miséricorde- dénonçait les innovateurs, les menteurs et ceux qui rejetaient la Sounnah en réfutant toutes leurs revendications. Il avertissait contre les innovations telles que la célébration de l’anniversaire de la naissance du Prophète, la célébration de la nuit de l’Ascension (Isra), la moitié de Cha’ban, et tant d’autres innovations qui n’étaient pas célébrées par le Prophète -prières et bénédiction d'Allah sur lui- et ni par ses compagnons. C’était un véritable leader de Ahl as-Sounnah wal Jama’a, un rénovateur[5] (Moujadid) de la religion à son époque. Combien de Sounnah Allah a-t-Il fait revivre à travers lui, et combien de Bida’a anéanti ?
…Tout ce qu’il dénonçait et écrivait est indénombrable, on ne peut compter le nombre de lettres et de messages qu’il a envoyés en appelant les gens de l’innovation et du mensonge à revenir sur leur état et apporter des preuves.
…C’était aussi un Imam Moujtahid[6], qui, avec sa science, comprenait, par la permission d’Allah, et donnait des fatawa dans différents sujets important et difficiles.
…C’était un rénovateur (Moujadid) qui combinait la science du Fiqh et celle du Hadith. Il connaissait les Hadiths ainsi que leurs degrés de fiabilité, il mémorisa de nombreux volumes de Hadiths, il connaissait leurs rapporteurs et leur différentes narrations. Il corrigeait et argumentait les textes malgré qu’il était aveugle. De nombreux savants le qualifiaient comme « un océan de science » et aucun d’entre eux ne pouvaient contredire cela.
...C’était un guide dont l’opinion était décisive. Lorsqu’il y avait un débat on acceptait toujours son opinion...Il avait deux voix (de vote) à l’assemblée des fatwas (Lajnat al-Fatwa) alors que les autres membres n’en avaient qu’une.
...Toutes les fois qu’il parlait en assemblée, il s’adressait d’une manière claire de façon à ce que tout le monde comprenne ses propos.]*
...Son apprentissage...Après avoir appris le Livre d’Allah, il commença à persévérer dans la science. Il étudia auprès des grands savants de sa région avant de voyager à travers le monde à la quête de la science. Il a hérité de la science des descendants de cheikh al Islam Mouhammed ibn ‘Abdel Wahhab tels que :
- Cheikh Sa’d ibn Ahmad ibn Malik ; il apprit de lui le Hadith et ses sciences ainsi que la jurisprudence,
- Cheikh Mohammed ibn ‘Abdelatif,
- Cheikh Salih ibn ‘Abdel ‘Aziz Houssein Âl cheikh[7], il apprit de lui la ‘Aqida et le Fiqh,
- Cheikh Hamad ibn Fariss ibn Mohammed ibn Fariss, il prit de lui la science relative au calcul de l’héritage (Faraïd el Hissab) et la langue arabe,
- Il a étudié 10 ans auprès du cheikh Mouhammed ibn Ibrahim ibn ‘Abdelatif Âl Cheikh (ancien mufti d’Arabie Saoudite) et fut un de ses plus proches élèves. Il restait avec lui du Fajr jusqu’à l’Ichaa. Il prit de lui de nombreuses sciences, telles que la grammaire, la jurisprudence...
-qu'Allah leur fasse miséricorde-
...Ses fonctions...Après avoir étudié 10 ans auprès du Mufti d’Arabie Saoudite de 1347 (h) à 1357 (h), celui-ci lui proposa un poste de juge dans la ville de Kharaj, il avait alors 27 ans, qu’il exerça jusqu’en 1371 (h) (pendant 14 ans). Puis il est devenu professeur dans l’institut scientifique de Ryad et dans la faculté de Chari’a jusqu’en 1380 (h). il est devenu vice-président de l’université islamique de Médine en 1381 (h) jusqu’en 1390 (h) où il en fut nommé président jusqu’en 1395 (h). Il était président de la direction des recherches scientifiques de l’IFTA, et du prêche et président de l’assemblée des grands savants de son pays. Il était le président du groupe des savants fondateurs de la ligue islamique mondiale à Mekka. Il était le président des recherches dans le Fiqh. Il était le président de la grande assemblée internationale des mosquées qui a son siège à Mekka. Il était membre du haut conseil de l’université de Médine et de la haute organisation pour le prêche.
Il fut nommé GRAND MOUFTI D’ARABIE SAOUDITE en 1413 (h).
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..Son enseignement...Les cours qu’il dispensait était très nombreux et très divers. Il enseignait les 6 livres mères[8], et même le Musnad de l’Imam Ahmad, el Mouwatta de l’Imam Malik, les Sounans de ad-Darimi, le Sahih de ibn Hiban, le Tafsir d’ibn Kathir, de Baghawi, Zad al Ma’ad, Kitab at-Tawhid, Oussoul Thalatha, el Darar es-Souriya, ‘Aqida Wasitiya, Boulough al Maram, Sounan al Koubra de Nassaï, ‘Aqida Tahawiya, as-Sarim al Massloul ‘Ala chatimy ar-Rassoul, Ryad as-Salihin,... Tous ses cours et ses assemblées étaient dispensés à travers l’Arabie Saoudite : à Mekka, à Ryad, à Ta-if. De grands savants et des étudiants de haut niveau ont été formés par le cheikh tels que cheikh Mouhammed Salih ibn al ‘Otheymine, cheikh Salih ibn al fawzan al Fawzan, cheikh ‘AbdelAziz Âl Cheikh, cheikh Rabi’ ibn Hadi al Madkhali, cheikh Mouhammad Aman al Jami -qu'Allah lui fasse miséricorde- ...
...Les signes de sa piété...[...Parmi les signes de sa piété, on remarque qu’il n’ajoutait pas souvent de commentaires personnels dans ses leçons, les paroles des anciens étant suffisantes. C’était comme s’il donnait une leçon à lui-même, ou comme s’il se donnait une révision à son propre profit.
...Il se déplaçait lui-même pour rencontrer les personnes qui l’attendaient à sa porte, afin de tenter de les aider en leur donnant de l’argent ou en répondant à leurs questions. A une occasion, il a interrompu un débat alors qu’il était avec de grands savants pour répondre à une femme au téléphone.
...Ses vêtements, ses chaussures et sa canne indiquaient son ascétisme, il ne s’intéressait pas au luxe de ce monde. Il dépensait son salaire pour venir en aide aux nécessiteux.
...C’était un homme très bien organisé qui tirait profit de son temps entre son travail, ses cours, ses repas, et ses conférences.
...Il avait une remarquable habilité à distinguer les voix même s’il y avait beaucoup de monde autour de lui. Il pouvait reconnaître son interlocuteur même s’il n’avait pas entendu sa voix depuis longtemps. Il se souvenait des détails les plus subtiles concernant l’état des gens et se renseignait sur la situation de leurs affaires dans leurs pays d’origine malgré leur grand nombre.
...Il se remémorait Allah très souvent, jusqu’à entre deux bouchées lorsqu’il mangeait.
...Il avait l’habitude de jeûner le lundi et le jeudi comme le faisait le Prophète -prières et bénédiction d'Allah sur lui-.
...Il était rempli de crainte d’Allah, était émotif et pleurait facilement à tel point qu’il interrompait ses leçons.
...Il cessait de répondre aux questions quand c’était l’heure de répondre au muezzin...
...Il n’omettait jamais le Dhikr après la Salaat malgré qu’il y avait beaucoup de monde autour de lui, qui lui faisait des requêtes et lui posait des questions.
...Il était équitable envers ses deux femmes.
...Combien d’étudiants ont été acceptés dans les universités par son intermédiaire ? Combien de personnes démunies ont reçu la charité de sa part ? Et combien de travailleurs ont eu la possibilité de ramener leurs femmes dans l’état par son intermédiaire ?
...Il était très généreux... Il ne mangeait jamais seul. Il avait toujours de nombreux invités et ne mangeait jamais sans qu’il y ait d’autres personnes à sa table.
...Allah a fait en sorte que les gens à travers le monde l’aiment car le cheikh prenait grand soin de l’Islam et des musulmans.
...Sa mort......Il travailla jusqu’à son dernier souffle, et il continua à donner des cours malgré sa maladie... Le Cheikh -qu'Allah lui fasse miséricorde- commença par souffrir d’une douleur à l’œsophage due à une infection au début du Ramadan dernier. Il est rentré de nombreuses fois à l’hôpital... Quand sa douleur s’aggrava, on pouvait le voir facilement sur son visage.
...Mercredi soir, il était assis avec sa famille et ses enfants jusqu’à minuit puis il alla se coucher. A deux heures du matin sa souffrance s’endurcit et son âme se sépara de son corps pour rejoindre son Créateur le jeudi au Fajr dans la ville de Ta-if... Seuls deux catégories d’ennemis d’Allah peuvent se réjouir de sa mort : Les hypocrites qui veulent déformer l’Islam et les malheureux innovateurs qui suivent leurs passion.
...Nous ne prétendons pas que le cheikh avait plus de science que Chafi’i, l’imam Ahmad ou ibn Taymiya. Loin de là ! Mais il est aussi important à notre époque qu’ils ne l’étaient à la leur. »]
Le Cheikh -qu'Allah lui fasse miséricorde- était attentif et portait beaucoup d’intérêt aux musulmans à travers le monde et aux difficultés qu’ils rencontraient. Parmi les actions auxquelles se livrait le cheikh, la charité et l’aumône envers les nécessiteux, les étudiants, la construction de mosquées avec tout ce que cela implique comme dépenses, tout comme il faisait des dons aux orphelins et beaucoup d’autres œuvres que nos plumes ne sauraient décrire et citer d’une manière suffisante.
Chers frères, après avoir entendu les actions auxquelles se livrait notre Cheikh, sachez que par-dessus tout, il avait un souci, celui d’élever la parole d’Allah au-dessus de tout. Les heures qu’il s’accordait pour dormir se comptent sur les doigts de la main car il ne dormait que 4 à 5 heures par nuit ; le reste du temps, il le consacrait à l’invocation d’Allah, aux adorations, à prêcher la science, à répondre aux questions et aux besoins des musulmans. Il disait souvent : « J’aurais pu me décharger de mes fonctions depuis 20 ans mais si je suis resté ce n’est que pour être au service des musulmans et donner victoire à la religion ».
Qu’Allah lui fasse miséricorde et qu’Allah le rétribue pour nous, pour tous les musulmans et pour l’Islam de la meilleure façon et qu’Allah le fasse habiter Ses plus belles demeures avec les prophètes, les martyrs et les pieux ! Amin !
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Références :
Al Injaz fi Tarjamati al Imam ‘Abdel’Aziz ibn Baz
Biographie du cheikh (Internet : Islam Questions/Réponses)
Abou ‘Abdir-Rahmane Farid al Djazaïri
[1] Sahih Boukhari & Mouslim : Chapitre « La science » d’après ‘Amr ben el ‘Ass -qu'Allah l'agrée-
[2] El Fath, volume 1, page 194
[3] Résumé d’après Fath al Bari
[4] Rapporté par et-Tirmidhi 2325, il dit que c’est un Hadith Hassan Sahih.
[5] Ce terme n’est en aucun cas péjoratif comme le Prophète -prières et bénédiction d'Allah sur lui- a dit : « Dans chaque génération, il y aura un groupe de personne loyale qui garderont cette science et qui la débarrasseront de toute altération commise par ceux qui outrepassent les limites, de toute fausse déclaration commise par les menteurs et de toute mauvaise interprétation commise par les ignorants » Sahih rapporté par ibn Adiy et d’autres.
[6] Apte à tirer des lois d’après les Noussous (textes religieux) car tout savant n’est pas forcément Moujtahid même s’il donne des réponses.
* Ce qui figure entre crochets est extrait d’une biographie du cheikh par son élève Mouhammed ibn Salih el Mounajid traduit par oummou ‘Abde-r-Rahmane.
[7] Âl cheikh est un surnom qui désigne les descendants de cheikh al Islam Mouhammad ibn ‘Abdil Wahhab -qu'Allah lui fasse miséricorde-
[8] Les Sahihs de Boukhari et de Mouslim ainsi que les Sunans de Nassaï, abou Daoud, Tirmidhi et ibn Maja.